• Un très long texte que j'avais commencé en mars. Il avait pour but de prouver qu'en partant d'un manque d'imagination, de volonté et d'ennui, je pouvais arriver créer des sentiments et des histoires à coup de confiance en moi, d'où le titre.
    J'ai décidé de le finir il y a quelques jours.
    Il fait 8 pages sous Word, j'espère qu'il ne se montrera pas trop indigeste. Je me voyais mal le séparer en deux parties, car la tension est censée monter au fur et à mesure de la lecture, passer de nostalgie et à une tristesse encore plus profonde. J'espère qu'il ne vous laissera pas indifférent. 

    Mogwai - Acid Food

    This Town Needs Guns - Zebra 

    Exhalaison Crescendo

    (Artiste : Bunnywebb)

    Le carnet est vide. Autant d'écrits que d'esquisses. Pourtant, les idées affluent. Elles vont se dessiner. Naturellement, spontanément. Une pensée, un sentiment, une histoire. Ils se doivent d’être gravés pour nos mémoires. Chaque lettre, chaque tracé est la réminiscence de mon vécu et de mon être, un hommage adressé aux acteurs de ma vie, en l’honneur de quelques mortels de passage qui se donneront la peine de prélasser les yeux sur mes lignes. 
    Mon esprit se doit d’épurer ses afflictions et d’exhaler ses réflexions, ouvertement, de laisser s’étendre ce trésor authentique appartenant à l’instant présent. Le silence ne peut plus demeurer.
    Il y a tant à décrire, philosopher, conter, en ce monde, empli d’une infinité de couleurs. Ce monde sublime, et corrompu d'une facette exécrable de l'humanité – simplement, peut-on éradiquer la beauté du mauvais, et faire de nos arts une pure démonstration de la bonté ?-, ou de tout homme qui soit, en définitive.
    Nous créons le côté foncier de chaque acte et de chaque sensation. Le hasard ou l’instinct ne font pas partie de nos notions.
    La souffrance est âpre.
    La tristesse est au bout des lèvres et des cils.
    L'amour étreint sauvagement le cœur en un étau de bonheur.
    La folie est dangereusement présente dans l’éreintant quotidien. 
    L'irrationalité est omnipotente.
    J'ai un tas de vies à conter, mais rares sont celles démontrant la férocité de l’âme.
    Parmi celles-ci, il y a celle de mon père. Il aurait pu être l'allégorie de l’indécision. 
    Sur un fond de Mogwai à l'allure dépassée, ressouvenance de mon enfance, et l’instant prend une tournure mélancolique - et poétique. 
    Je revois Papa à la manière dont je peux percevoir tout ce qui m’entoure. Il se tient sur le siège d’en face, le regard dans la vague, lui aussi. Sa présence physique ne dénote pas de l’hallucination. Nous nous abandonnons au doux rythme des rames du train filant à toute allure sans que l’un n’observe l’autre. Au doux son de nos rêveries nébuleuses.

    Je clos les paupières.
    Papa était quelqu'un de cryptique et abscons. Néanmoins, je lui trouvais beaucoup de charme, il fut un temps, de mon esprit candide. 
    « Il a jamais fait de mal à personne, mon Papa. » 
    A vrai dire, il n’en avait simplement pas l’occasion : cela faisait plusieurs années que quelqu'un n'était pas venu pour lui. Son historique téléphonique se limitait à des appels de pubs ou d’impôts, lesquels proféraient des paroles condescendantes ou alarmantes. Dans son isolement, j’étais un fragment improbable, rescapé du passé dévasté.
    Il n'était plus que l'ombre de lui-même, depuis que ma mère était morte du cancer du poumon. Il avait balayé sa carrière professionnelle et s’était réduit à l’état de misanthrope. Il avait renié le bonheur.
    Maman avait avili le devenir de son si cher époux. Il me semblait impossible qu’elle puisse gésir paisiblement en sachant le mal que ses insanités avaient provoqué.
    De ce fait, ses prochaines années se consumaient d’une manière identique à celle de sa regrettée, au creux de sa bouche. De stupides volutes blanches. Un salpêtre qui s’accumulait dans ses poumons, une suie funeste qui ternissait ses lèvres et ses dents.
    Papa savourait solennellement l’inhalation de la fumée funèbre. Le fauteuil délabré aurait pu se fondre en lui, tellement il était engoncé dedans depuis deux ans. Parfois, il se dirigeait vers ma chambre pour caresser mes joues rondes d'un doigt, la gorge serrée. Un vain essai pour retrouver son épouse à travers sa fille. Encore un. Le malheureux devait se languir de céder aux larmes - il ne pouvait se le permettre, au risque de perturber mon envolée vers le pays des songes.
    Au fond de lui, ancré, buriné, souillé, le mal-être de se sentir égoïste et égocentrique, irresponsable, veule. Papa aurait souhaité me voir grandir, mais son désir de partir était plus fort. Il voulait qu'on superpose son cercueil au-dessus de celui de Maman au plus vite, bien qu’il n’ait pas le moindre espoir chevillé au cœur de la rejoindre quelque part, n'importe où. Il n’était pas dupe. 
    « Partir, c'est seul. Mais on se leurre, parce qu'on est trop heureux et trop entourés pour admettre qu'on rejoint un vide sans être accompagnés de ce qui fait notre quotidien. Qu’une réalité si déchirante existe, quand on goûte à ces plaisirs, ceux de sentir nos âmes être l'essence de celles des uns et des autres. »
    Il reposerait enfin à ses côtés, et si ce n'était qu'un espace physique restreint, qu'il ne pourrait pas le tâter un seul instant, cela lui suffisait. 
    Malgré lui, il essayait de subvenir aux besoins de sa fillette. Il faisait de son mieux pour être gai, et donner l'allégresse qu’un enfant a besoin de savoir en son père. Ses efforts furent vains, car la morosité était une partie de lui, une maladie gangrenant chaque fugace instant de joie. Ceci, la plus niaise des créatures pouvait le deviner, et je n’y fis pas exception.
    Il eut tôt fait de le remarquer, et s’accorda une absurde utopie. Il rêvait de blancheur, de fleurs irisées, d’une mort sans tristesse, comme s’il pouvait s’agir d’un heureux évènement.
    Le temps nous était compté, et il en profitait, usant ses dernières économies pour assouvir le moindre de mes caprices. 
    « Papa, amène-moi à Disney, s’il te plaît. »
    « Papa, achète-moi cette peluche et ce jouet, s’il te plaît. » 
    « Papa, dépose-moi chez mes amis, et fais le clown, s’il te plaît. » 
    « Papa, fais-moi un câlin, s’il te plaît. » 
    Chacun de ses rires, chacun de ses sourires, de ses mots pouvait être le dernier.
    Nous étions proches, à tel point que son comportement avec les autres était méconnaissable, changeait du tout au tout. Froideur. 
    N'est-ce pas nostalgie d'y repenser ? De revoir son expression heureuse, un instant ? Et de constater que depuis mes déboires d'adolescents, il était l'une des seules personnes sur qui je pouvais compter ?
    « C'est la passion qui me tue, X. Bien avant la cigarette. Tu feras attention quand tu auras affaire à elle ?  Promets-le-moi. »
    Un jour, Papa m’avait lu une histoire, une bête histoire pour enfants. Je me souviens des pages très joliment illustrées, à défaut du titre de cette œuvre. Il s’agissait d'un oiseau somptueux, qui parcourait le monde et s’enduisait de ses belles couleurs… Jusqu’à ce que son expédition l’amène à rencontrer des teintes si ternes et mornes, qu’il en dépérit. Le mélange avait rendu son plumage fade, abject.  
    « Papa, le p’tit piaf, il est comme toi ! » m’étais-je exclamée. 
    J’avais été éminemment perspicace : Maman était pléthore de couleurs à la fois, et les plus belles dont il fut doté. Ecarlate comme l'amour, jaune comme l'entrain, azur comme l'empathie, émeraude comme la justice. A l’époque, Papa était frétillant d’euphorie. Or, son absence avait laissé un noir abyssal et lancinant.

    Au fil des jours, des mois, des années et de son laxisme, mon père a obtenu ce qu'il voulait. 
    Le téléphone a sonné, et une jeune femme s’est adressée à moi d’un ton désolé.
    Dans ma tête, une phrase se répétait inlassablement. 
    « Papa va mourir. » 
    J'y avais été préparée depuis mon plus jeune âge, ce qui n’avait en aucun cas altéré ma profonde et débordante amertume. Mes pleurs coulaient à flot alors que je prenais le volant pour me rendre à l'hôpital. Il n'aurait pas été fier de moi. Mais sa fierté ne valait pas grand-chose. 
    Lorsque je suis arrivée à son chevet, j'étais seule. Je me suis effondrée à genoux, et j'ai posé mes bras sur son torse. 
    J'ai pleuré pour cinquante. J'ai pleuré toute la nuit, toute la journée, la semaine, sur son corps inerte de coma, quiet, auquel rien n'était branché, faute d'espoir.
    Et il s'est éteint.

    Dès lors, j'ai commencé à m'enraciner parmi les fleurs, l'herbe, les arbres. Faire partie du décor. Dans la nuit, la pluie ou le froid. Leur absence trouait mon âme en un vide sempiternel qui se comblait et se rouvrait sans discontinuer.
    Lorsqu'il se faisait ressentir, j'allais contempler leur belle sépulture et y déposais un bouquet.
    Un jour, il y a approximativement trois ans de cela, je sentis des paumes se poser sur mes épaules, en un geste empathique. J'avais lâché un glapissement de terreur, et la vue d'un jeune homme aux cheveux liliaux atypiques fut loin de me calmer, malgré son regard bleuté électrisant et rassurant à la fois, et son visage angélique. 
    L'inconnu marmonna quelque excuse de sa voix grave, et délicate, telle une mélodie charmante rompant la monocordie des lieux et des cadavres esseulés. 
    Il dégageait une aura paranormale, ne semblant pas appartenir au monde des mortels, il était la rupture entre la réalité et la fiction, l’épicentre du farfelu. A vrai dire, l’unique élément qui me reteint à penser qu’il était de chair demeurait son contact. Il tenait bien plus du dessin animé. 
    « Ma petite-amie de l'époque est morte il y a quatre ans. Et toi ?
    - Je suis navrée. Ce sont mes parents...
    - Je le suis autant que toi. Leur caveau est magnifique, il a dû coûter une fortune. »
    Silence. 
    « C'est pas la première fois que je te vois ici, ni que je te vois pleurer. »
    Je rougis, gênée. Qu’attendais-je d'une étrange rencontre à l'aurore ? Qu’il ait des penchants de stalker n’avait rien de surprenant. 
    « Ah, hum... T'es qui ?... » balbutiai-je, en me ratatinant sur moi-même.
    Il glissa deux doigts sur mon menton pour s'en saisir et l'orienter vers lui, et insinua son bras derrière mon dos, en arborant un rictus sardonique nettement moins innocent. Deux grosses fossettes ressortirent, respectivement sur le coin de ses lèvres et sa joue, lui conférant une expression d’assassin, tel Hannibal Lecter. 
    « Ça ne te rappelle rien ? Il y a quatre ans... Un meurtre... » 
    Mon cœur était ulcéré d'effroi, et je commençais à panteler, flageoler. La peur. 
    « Le meurtre d'arsenic... Mes cheveux blancs. Tu comprends qui je suis ?... » poursuivit-il. 
    J'hochai la tête prestement.
    C'était une histoire communale bien connue. Une adolescente de quinze ans avait été tuée il y a quatre ans de cela. Son petit-ami, qui avait un physique fort singulier, refusa de se montrer aux médias. Son témoignage fut si concis qu'il fut aussitôt soupçonné. Cependant, il recouvra sa totale liberté peu après, faute de preuves. La croyance populaire lui vouait toujours une terrible méfiance. Ce crime fut nommé "le meurtre d'arsenic", en référence à ses cheveux prématurément blancs.
    Il était grand, et puissant. Je n'avais aucune chance de m'en sortir. 
    Cependant, le jeune homme lâcha prise, pour s'esclaffer gaiement. Il avait soudainement l'air aussi inoffensif qu'un chiot, et je me sentais humiliée. 
    « T'aurais vu ta tête ! m'houspilla l'adolescent.
    - M-mais... C'est vraiment toi !... protestai-je, humiliée.
    - Et alors ? J’en avais assez que tu tires une gueule de chien battu.
    - Me filer une frousse pareille, c’est vraiment préférable ? » soupirai-je, désabusée. 
    Il frictionna mes cheveux familièrement. 
    « Allez. Rentre chez toi. »
    Je l'avais fixé quelques secondes et je m'étais exécutée, sans trop savoir quoi penser, pantoise. 
    Une fois rentrée, mes pensées ne s’adressaient qu’à une personne : lui. Et chaque jour qui suivait un peu plus. J'avais toujours un ulcère au cœur et une irrépressible envie de le revoir, mais ces sensations étaient étrangement agréables.
    Alors, j'y suis retournée. 
    Si un sentiment indigne et traitre en ces lieux me happait, un arrière-goût amer les hanterait sempiternellement. 
    En arrivant, il était là. Il l’était vraisemblablement tous les jours. Je me permis de l’épier. Lui, ne s’était pas gêné pour le faire effrontément.
    L'expression de son visage était semblable à celle de mon père, dévoré par l'acrimonie. Et méconnaissable. 
    « Hé ! Drôle de type ! »
    Ledit individu tourna la tête dans ma direction, en esquissant un sourire malicieux
    « Tu es revenue pour moi ? Je te plais à ce point ? se moqua-t-il joyeusement. 
    - Tu as juste l'air malheureux. »
    Il fronça les sourcils, fit une drôle de moue en plissant les yeux, et s’éclaircit la gorge. 
    « Avec cette affaire, je suis fui comme la peste. Tu as raison, je me sens seul. Parlons pour oublier ceci. Dis-moi ton prénom.
    X, et toi ? 
    - Chris. 
    - Enchantée. »
    Et l'hiver qui givrait nos êtres a disparu, nos jambes ont détalé de cet endroit sombre, nos rires ont réconforté nos esprits meurtris, et nos corps réchauffés ont fait le reste.
    Je l'avais attiré à la cathédrale dominant la ville enneigée, sublime, endormie et réveillée, aux faisceaux de lumière jaunes, verts, ou violets.
    « Observe. C'est magnifique, n'est-ce pas ? Notre ville est magnifique. La banlieue a l'air plus tendre sous ces couches de neige ! Il doit y avoir des tas de choses à voir autre que la tristesse, tu ne crois pas ? »
    J’ignore pourquoi, mais il me sembla que je le connaissais depuis plusieurs années. Il pouvait se confier à moi, je pouvais l’aider : je l’aimais. J’aime les inconnus, et particulièrement celui-ci. Je ne fus pas surprise de sentir ses doigts se mêler aux miens. 
    Ce devint un rendez-vous quotidien. Un café, un cinéma, ou juste dix minutes à discuter. Et bientôt, plus que cette relation ambiguë et confuse, digne de SOS amitié. Je connus cette fameuse Passion.
    Un an plus tard, je coulais de beaux jours avec lui. Le matin, je pouvais sentir son corps serré au mien, ses fins doigts caressant tendrement ma joue, son œillade bienveillante et amoureuse, entre ses cils blancs, et la pression de ses lèvres. 
    J'entendais toujours cette même hymne à l'amour et au bonheur, légère et sincère, bien que notre quotidien n'eut rien de monotone. Il en murmurait les paroles, virevoltant harmonieusement dans l'atmosphère.
    En ces instants, j'avais surpris plusieurs fois le regard particulier de la voisine d'en face. 
    Une jolie blonde, manifestement célibataire. Des yeux bleus perçants et une peau diaphane. Elle se plantait en face de la large vitrine de son appartement, et pendant des heures, elle contemplait le ciel, la verdure, ou Chris, avec un crayon et un calepin sur les genoux. 
    Elle arborait une expression amorphe, atone. Troublante.
    Et désenchantée.
    Pitoyable être fêlé.
    Nonobstant son anormalité évidente, elle poursuivait ses études, et se rendait dans le métro, où je l'avais croisée à maintes reprises, sans oser lui demander ce qui n’allait pas. 
    La première fois, elle m'avait fixée, sa bouche crispée. Pas un mot. J'eus à peine le temps d’émettre une consonne, qu'elle courut précipitamment à l'autre bout du wagon
    Pourquoi fallait-il qu'elle soit psychotique ? Pourquoi fallait-il que quiconque le soi ? Ma gorge se noua. 

    « Chris, tu connais la voisine ? » 
    Une question dont la réponse était tacite. Et pourtant. 
    « Elle s'appelle Mia. C'est ma sœur », susurra-t-il en baissant la tête.
    Les mêmes iris, les mêmes fossettes. Leurs deux visages rivés sur moi.
    Une évidence que j'avais mis longtemps à saisir. 
    J'étais allée m'enfermer dans la douche, dos à la porte, qui s'affaissa pour me signifier qu'il était appuyé contre cette dernière, de l'autre côté. 
    « Tu me caches des choses, dis-je sèchement. 
    -X...
    -Tu m'en caches d'autres ? » 
    Je sentis les soubresauts de son corps contre la porte. 
    « Pardon. »
    Sa voix se brisa, mue de remords. Elle n'était plus virile et chaleureuse. Elle était une plainte, celle de quelqu'un en pleurs. Un bel homme dévasté.
    J'ouvris subitement la porte pour l'enlacer. 
    « Non, X. Tu es tout pour moi, et je ne mérite rien. »
    Il se dégagea de mon emprise, et s'enfonça davantage dans sa peine en croisant mon expression désemparée, transposant ma douleur d'être ainsi rejetée.
    Bouleversé, il se tordait de souffrance. 
    « Putain ! J'suis un assassin ! »
    Je me décomposais. Cette légende urbaine était vraie. 
    Il avait pris la vie de quelqu'un. Il la lui avait ôtée de ses propres mains. Il l’avait écourtée. Il avait effacé toutes les couleurs d’une existence pour y imposer le vide.
    Horrifiée, blême, je le dévisageais avec dégoût. Je fus prise d'intenses frissons. Le choc était si brutal qu'aucune substance ne dévala mes joues. 
    Je devais renoncer à Chris. Je devais tenir ma promesse, avant qu’il ne soit trop tard.
    Vingt mètres plus loin, se postait toujours la mystérieuse Mia, sur son tabouret. 
    Elle murmura une phrase, que je lus sur ses lèvres. 
    « Ça n'aurait pas dû se passer comme ça... »

    Cette relation se finit d’une manière encore plus tragique que celle de mes parents. 
    Chris mit fin à ses jours un peu plus tard, après s’être rendu au poste de police. Je ne lui avais pas donné mon soutien, car je lui en voulais, et que nous venions de rompre.
    Je n’avais jamais plus croisé Mia. Son état mental devait aller de mal en pis. 
    Une nouvelle tombe avait gagné le cimetière, de nouveaux bouquets s’étaient déposés, abondants, et ma venue était très fréquente. 
    « Puisses-tu enfin trouver la paix, mon précieux Chris… ânonnais-je éternellement en parcourant les lettres creusées dans la pierre de mon doigt,  je t’aime, à demain. »

    Je guigne vers Papa. Il est plongé dans lecture d’un journal, sur lequel stipule en en-tête « Le Progrès ». En l’occurrence, le journal communal. En lettres capitales, sur la première de couverture qui présente le programme de ce numéro, un titre provocateur et aguicheur : « Sept ans plus tard, la vérité sur le meurtre d’arsenic ». Intéressée, j’essaye de lui arracher. Il recule, sans me porter attention, mettant de ce fait en évidence le contenu alléchant qu’il dévore.  Après de longues minutes, il se résout à me donner l’objet de mes désirs, en me gratifiant d’un sourire. 
    Sa voix est un gargouillis aussi tonitruant que bizarre. Elle semble venir du plus profond de ses entrailles, résonnante. Chacun de ses mots est mâché difficilement. 
    « Ne t’en veux pas. Je suis fier de toi », prononce-t-il avec peine.
    Je fronce les sourcils, intriguée. Je lis que la vérité n’était pas si atroce. Je lis que l’adolescent qu’était Chris faisait des bêtises, un art dans lequel on excelle tant à cet âge. Il avait eu besoin de survivre, et sa survie avait été garantie par un pistolet et du sang. Celui d’Ether Clowth. Ce nom ne m’était pas inconnu. En effet, il figurait sur la sépulture voisine à celle de Chris, et également de nombreux bâtiments. C’était une entreprise internationale et célèbre, et une histoire classique. Un imbécile qui va trop chatouiller la drogue, une simple jeune femme qui ne peut réprimer son amour. Ils entretenaient une relation cachée. Mais c'était loin d'être le plus mauvais rapport que Chris avait à l'époque.
    Il y avait son témoignage. Des mots de Chris en vie, songé-je. Des mots d’Ether en vie, songé-je. 
    « Je suis condamnée. Je n’aurais jamais dû vivre ces bons moments que tu m’as donnés, aurait-elle déclaré dans ses derniers instants. »
    « J’ai refusé. Alors ils ont menacé mon entourage. Ils semblaient avoir de la rancune envers la famille Clowth. J’aurais voulu mourir avec Ether. J’ai fait ce que personne n’aurait jamais voulu faire, a-t-il déclaré dans ses derniers instants, j’ai tiré. »
    La réalité étant rétablie, il avait préféré se suicider que de périr des mains de ceux qui l’avaient forcé à assassiner une personne qu’il lui était si chère. Sur ces mots, la plaie se rouvrit, brusquement, béante. De nouveaux pleurs. 
    A mes côtés, des particules de lumière s’échappaient du spectre de Papa. Son toucher devenait de plus en plus aérien. 
    « Je dois retourner voir Chris ! » j’hurle en frappant violemment sur les vitres qui m’incarcèrent. 
    Le train ne s’arrête pas. Il ne s’arrêtera pas. 
    Quelques kilomètres plus loin, des pelleteuses et des hommes en jaune. On ne se recueillit pas avec des pelleteuses. 
    A côté, l’élégance. Des cheveux de jais, bouclés. Leurs sanglots sont haine. Ils sont habillés de vêtements à l’aspect onéreux -au devenir terreux. 
    Mes fleurs s’engouffrent dans la terre. La tombe de Chris est brisée. Son cercueil blanc jaillit à la surface. Son corps inanimé et livide est secoué, perturbé, maudit. Sa peau sableuse s’effrite. Quelques mèches de sa belle chevelure se décrochent de son crâne et s'échappent par l'embouchure cassée. Elles volettent dans l'air.
    Elles deviennent de sublimes plumes blanches. L'hymne au malheur retentit, tonitruante. Autrefois, il s'agissait de l'hymne à l'amour. Elle n'est plus, sans le chant de Chris.
    Mia est sortie, aujourd’hui. Elle contemple les monticules grouillants, détruite, misérable parmi ce chantier étourdissant.
    Je suis vulnérable et impuissante. Je suis perforée. Mes organes vitaux sont touchés. Désespoir, solitude, abominable morosité grandissante. 
    « Où vont-ils mettre ton cercueil ? Où vais-je pouvoir te revoir ? Pourquoi ta dernière volonté est-elle refusée si impitoyablement ?... »
    Ce silence m'est insupportable. Je braille jusqu'à m'en asphyxier, jusqu'à ce que je ne puisse plus sortir que des  gémissements stridents. 
    Une douce main se dépose sur ma nuque. 
    «  Je suis une partie de toi. Je ne me suis pas envolé », marmonne une voix cristalline. 
    Ce n'est pas celle de mon père. Je relève la tête. Je me sens calme, si subitement. Ma douleur est terrée et cesse de me tuer.
    Il n'y a rien que Papa, et aucun autre détenteur éventuel de ces mots. Il hoche la tête pour me confirmer qu’il était bien là 
    Je souris. Des plumes blanches emplissent l'air. Tranquilles, apaisantes. Elles se posent sur mon front, mes mains, mes vêtements. Se mêlent aux plumes noires de ma longue crinière.
    Papa est devenu translucide.
    « Au revoir, Espoir de Mort », dit-il en se dissipant.


    2 commentaires
  • Ça faisait longtemps que je n'avais pas posté de textes, fiou ! Il y en a un gros que je n'ai pas achevé, et un autre gros que je ne posterai pas. Je rappelle que je suis également sur ma fiction : page 18 mes chers ! La suite d'Inéluctable devrait être postée ultérieurement, par ailleurs. 

    Bref ! J'ai eu deux brevets blancs entre temps, et donc, deux rédactions. Je vous laisse découvrir mon travail.



    Premier brevet blanc : 

    Sujet 1 : Ecrivez une discussion entre maquisard (résistant) et son ami. Il l'invite à se joindre à lui pour résister.
    Sujet 2 : Ecrivez le journal intime d'un maquisard de la deuxième guerre mondiale. Racontez sa vie et ce qu'il voit.  (Choisi)

    Rédactions de brevet blanc
    (Artiste : Doming ; Manga : Panty and Stocking With Garterbelt ; OC : Anarchy Panty)

    "Cher journal,

    Ces dernières années ont buriné mon âme comme ma peau de plaies de projectiles piquants. 
    Je n'ai plus la moindre idée de quel jour nous sommes, et du nombre de stigmates dont je suis couvert. 
    Je connais seulement les aspects abjects de cette guerre. J'ai dix-sept ans, et le vécu d'un centenaire. Je connais mieux que personne la sensation de vide que l'on ressent lorsqu'on devine partis à jamais ceux qui rendaient notre quotidien chaleureux. Ils tombent tout aussi naturellement que la pluie sur le sol et m'aspergent de solitude, de désespoir, de neurasthénie, qui compriment mon cœur en un étau de douleur. 
    La mort est omniprésente. La mort est le quotidien de chacun d'entre nous. Le plus petit faubourg, la plus lointaine vallée, la plus belle des natures en sont imprégnés. Hier, ou il y a une semaine, j'ai trouvé un homme allongé sur l'herbe humide. Paisible. Deux trous au côté gauche. 
    Même la somptuosité est maculée de sang. Dans les rues, il n'y aura bientôt plus qu'un funeste silence. Serait-ce la seule issue possible vers le repos ? A dire vrai, je crains qu'il n'y en ait aucune. J'ai perdu la foi sur le champ de bataille, avec mon allégresse et ma raison de vivre. 
    Mes compagnons hurlent leur amertume, en violence et en haine. En ce qui me concerne, j'écris. Le peu de temps où un canon n'est pas rivé sur moi. J'exhale ce qui écrase ma conscience, je décris les hurlements stridents et déchirants,  les corps cadavériques et décharnés, les visages blêmes, et les volutes de fumée de nos maisons, de notre nation et de nos vies, revenant à la terre.
    Je constate toute l'horreur de l'humanité, et je crois cauchemarder. Mais je ne ressens plus que la douleur, et il me semble que je n'ai jamais ressenti que cela. Mes vagues réminiscences semblent ne m'avoir jamais appartenu.
    J'ai la véracité des civils déportés par millions, leurs œillades meurtries et amorphes, les coups de fouet sur nos dos, la boue charmeuse,  l'ennemi que la Résistance finit par tuer avec un exécrable réconfort, la faim, la soif, l'insalubrité, la peur pétrifiante, et les pleurs qui remplieraient les abîmes gorgées de cadavres.
    Je suis là, terré. Je vis pour tuer. J'aperçois les silhouettes s'affaisser. La gorge nouée d'humilité, c'est à mon tour de me permettre ce frisson ignominieux qu'est celui ressenti lorsqu'on détruit sans être détruit... Physiquement. 
    Je ne suis qu'un mécanisme défectueux... Je sens mes écrous s'ébranler, mes composants se démanteler, mon huile fuir. 
    Je suis dans un cauchemar éveillé, et j'ai rêvé que j'étais humain et heureux. J'ai vu, dans ma folie onirique, nombre de choses fabuleuses. Désormais, elles chatoient de teintes criardes, lancinantes, et annihilent à brûle-pourpoint mon être, mon ombre, rien qu'un spectre éthéré et chancelant que les abysses appellent."

    Temps : 1h30
    Note : 14,5/15 (-0,5 pour l'oubli du "cher journal", que j'ai rajouté ici.)
    Critique des professeurs : Trop de mots savants : tu veux montrer ce dont tu es capable sans que le style suive. Mais le contexte historique est très bien respecté. En outre, c'est vraiment morose, sombre, déchirant. Excellent travail de mise en situation : une approche philosophique et profonde.
    Mon ressenti : Pour ce sujet, j'ai vraiment réussi à me mettre en situation. J'ai écrit ce que j'ai ressenti. J'étais même mal en écrivant et en sortant de la salle. La guerre est un sujet auquel je suis très sensible.

    Deuxième brevet blanc : 

    D'après "Le meilleur monde", un roman dans lequel les humains naissent dans des usines, conditionnés et prédestinés à être Alpha, Bêta, Gamma, Delta ou Epsilon, les Alphas étant les mieux placés dans la société et les Epsilons les moins bien. Leur intelligence est également affectée.
    Sujet 1 : 'M'en rappelle plus. 
    Sujet 2 : Ecrivez un passage démontrant l'intelligence d'un Epsilon, malgré son aspect physique désavantageux. 

    Rédactions de brevet blanc
    (Artiste : Ash ; Jeu : Metal gear solid ; OC : Raiden)

    "Dès ma naissance, mon physique et mon avenir étaient prémédités. J'aurais pu être un séduisant jeune homme, diriger une grande entreprise et participer à des bals où se pavanaient des poncifs sociétaux ambulants, munis de leurs verres de vin dont un fond correspondait à mon salaire mensuel, de leurs regards condescendants et de leurs sourires enjôleurs, engoncés dans leurs costumes à l'aspect onéreux ou perchées sur leurs talons hauts. 
    Néanmoins, j'étais loin d'envier ce mode de vie, bien au contraire. Les Alphas avaient été conditionnés non seulement pour avoir une apparence plaisante, mais des capacités que nous n'avions pas : ils étaient dotés d'une vive intelligence au travail.
    C'étaient pourtant là les limites de leurs valeurs : leur superficialité était sans pareil. Pour préserver les rouages de la société, il s'agissait d'une idée lumineuse que de les priver de libre-arbitre. 
    Quant à nous, les Epsilons, nous étions faiblards, chétifs comme les végétations fouettées, pliées par les bourrasques. En l’occurrence, les bourrasques étaient les Alphas, qui nous prodiguaient un traitement digne de piètres immondices. Leur seul motif était la blancheur de nos iris, laquelle les effarait et les poussait à nous surnommer "les monstres sans yeux". En effet, cette particularité était telle que notre vision s'apparentait à la cécité. Nous ne voyions presque uniquement que dans le noir. 
    Cela leur avait insufflé quelques abrupts châtiments, lorsque nos corps menus se retrouvaient dénués de force durant nos tâches. 
    Ils nous ligotaient à un arbre, dehors, alors que le soleil était à son zénith, et nous forçaient à ouvrir les yeux, sous la menace d'une arme à feu. Le plus souvent, les martyrs obéissaient et devenaient aveugles. Dans l'autre cas, qui n'était vraisemblablement pas préférable, on retrouvait le contenu de leurs cervelles grassement étalé sur l'écorce et les plantes. Leurs cadavres devenaient charognes, dévorés par les corbeaux jusqu'à décomposition totale. 
    Je me souviens. Un jour, ce fut le tour de mon fidèle ami, Klaus. Des larmes striaient ses joues, et du sang pourpre ruisselait de sa lèvre inférieure, mordue impétueusement afin qu'il puisse réprimer ses cris. 
    Ce que les Epsilons avaient d'infiniment plus précieux qu'un salaire correct et qu'un visage trompeur, c'étaient des valeurs et de la Réflexion. 
    J'avais cessé de vidanger le bocal dans lequel un beau nouveau-né Alpha dormait, pour jeter un regard entendu à mes collègues de travail. Ils s'étaient spontanément rameutés. Je n'acceptais pas une telle situation. 
    La pièce était plongée dans le noir, tant et si bien que le Delta qui tenait le pistolet à la main fut pris de court en nous voyant bondir sur lui. Il y eut des merveilleux cris de fureur, un éminent moment de gloire. Sous la menace, le Delta ne nous dénonça pas -et eux, avaient un minimum de bon sens.
    Nous ne pûmes percevoir le sourire de Klaus, mais je sais qu'à ce moment, il s'étirait jusqu'à ses yeux. Les Epsilons étaient une famille complice. Malgré notre existence malheureuse, nous tenions à la vie. Probablement parce qu'on nous avait dépourvus de désespoir et de haine. Toutefois, j'aimais à penser qu'il était question de bravoure, que nos rêves subsistaient au fond de nos cœurs mornes.
    Ils croyaient que nos faibles physiques et l'absence de rage en nous aurait raison de quelconques envies de soulèvement. Ils avaient tort. Cet épisode marqua le début de notre révolution, de notre quête de liberté, du changement et de la prospérité. 
    Un monde que nous avions embelli, où naissaient des humains maîtres d'eux-mêmes dans le ventre maternel. 
    Juste des humains."

    Temps : 1h30
    Note : 14,5/15
    Critique du professeur : Solide maîtrise expressive. 
    Mon ressenti : Ce sujet-là m'a moins émue. J'étais plus dans la chose au début, mais la suite a été faite un peu trop indifféremment. 


    2 commentaires
  • Breathe me - Sia



    (Artiste : Merdell ; Personnage : OC)

    Ma vieille ennemie la solitude,

    Une fois encore, tu captives ma plume, tu habites mes pensées.
    Comme toujours, tu te tiens en une dense obscurité.  
    Cependant, je t’y devine sans difficultés.
    Si tes iris ambre chatoient de ces ténèbres abyssales, il n’en est rien pour tes innombrables victimes aux yeux brouillés de larmes.
    Incoercible et sempiternelle solitude, je suis la plus chétive des créatures et tu t’insinues en mon âme,
    or,  je suis parvenue à te proscrire un prompt instant de mon être.
    Alors même que je te tourne le dos, je sens ton omniprésent et perfide spectre,
    ton œillade fielleuse me guetter, quelquefois, ton toucher arachnéen m’effleurer,
    et ta voix me leurrer de doux chants malheureux.

    Ma seule et pire ennemie,

    Toi qui m’ôte tout acte valeureux,
    toi qui me glace le sang, compresse mon cœur,
    et dont fuse la rancœur.
    Tu t’exclames en un corps comme en une infinité,
    furibonde d’un monde noirci.
    Sur nos consciences, tes mains pleines de suie,
    occultées par ton étreinte au faux-semblant de bénignité.
    Ton ubiquité tord  chaque chose en une mélasse abjecte,
    tu diriges tes martyrs vers une mort infecte,
    sans confiance, sans ambition, sans force, sans dignité.
    Cris de désespoir ou de folie,
    déraisonnables, belliqueux,  ou dénués de conviction.
    Tu avilies, dépassionnes, taries, enorgueillis…
    Ah ! Tu es tant de choses à la fois, si omnipotente et enjôleuse, et destruction ! 
    A-t-on déjà vu quelqu’un choyé ouïssant l’appel de la mort ?!

    Détestable allégorie du sort funeste,

    Tu  amaigris deux genoux frêles, qui cèdent au moindre effort,
    et empâtes deux genoux replets…
    La lame caressée, le rouge discret,
    pléthore de sentiments et d’aliénation…
    Respirer devient une affliction.
    [Ne pars pas…]

    Solitude, ta toute puissance est ineffable, 
    et tu es en chacun d'entre nous. 


    7 commentaires
  •  A vrai dire je me suis pas mal relâchée pour me consacrer exclusivement à Inéluctable, et un peu à ce texte, présentant Ben, un OC créé récemment.

    Ben & Joe
     

    Ben & Joe

     

    « Tu as l’air si triste, tu es sûre que tu vas bien ? Pourquoi ton écriture est si noire ? »

     Ben était marginale.
    Celle qu’on n’appréciait pas avant de constater ce qu’il en est sans vraiment savoir pourquoi, viscéralement. La demoiselle qu’avait pas la langue très pendue, misanthrope tacite. Spontanément esseulée lorsqu’elle est privée de son téléphone, son envie de vivre ne tenait qu’à cet appareil. Qu’à des personnes à des centaines de kilomètres.

    C’était Ben, cette fille-là, et il n’y en a qu’une dans le genre.

    Il n’y avait qu’à l’observer : sa longue crinière bestiale fusait de part et d’autre de son visage, son odeur fétide agressait les narines de ceux qui avaient le malheur de passer trop près d’elle, et son corps élancé se déplaçait avec nonchalance,  corps attifé de vêtements mal accordés qu’on avait choisi pour elle, faute de pouvoir la traîner dans la moindre boutique.

    Ben se contre-fichait d’un nombre incalculable de choses, de telle façon qu’il était plus simple de citer ce qui lui importait. Elle n’avait d’yeux que pour ses études et ces prénoms dans cet écran.
    Ce pourrait paraître paradoxal, toujours est-il qu’elle était une excellente élève.

    En outre,  elle était très désordonnée. Elle perdait tout ce qui n’était pas chargeurs, ordinateurs, téléphones, écouteurs, livres et cours.
    Sa chambre était un perpétuel débarras dans lequel personne ne se risquait à mettre les pieds. L’adolescente se contentait d’obéir au peu de choses qu’on lui demandait de temps à autre, histoire qu’elle ne baigne pas éternellement dans sa propre crasse. Et c’étaient là les limites du respect qu’elle nous portait.

    Je me rappelle que lorsque je décidais de la sortir prendre un café de part sa réclusion totale et à long terme, elle ne daignait pas m’octroyer un piètre regard, finissait sa diabolo grenadine en une poignée de secondes pour se replonger dans la contemplation de la machine, me signifiant peu subtilement son impatience de retourner au bercail.

    Je vous avoue qu’elle était agaçante. Elle était hautaine sans consacrer du sien à ce rôle, ce qui était d’autant plus hérissant. Une fille qui pousse au mépris de part son apathie qui suffisait à sous-entendre tout son dédain.
    Les rares fois où elle guignait prestement vers moi, m’octroyant là une attention éminente, son œillade était si amorphe que j’avais instantanément l’impression de la blaser.
    Moi, je lui souriais, alors que déjà elle retournait vaquer à ses occupations.

    Je ne sais pas ce que ces gens du net avaient de si spécial par rapport à nous, du moins certains d’entre nous.  Je conçois parfaitement  que nous soyons contraints de côtoyer bon nombre d’imbéciles, mais de là à cataloguer tous ses contemporains physiques comme tels…
    Ben demeurait un mystère, tout comme ses amis.

    C’est quand elle est entrée au collège, et dans l’adolescence soit dit en passant, que ce processus s’est enclenché.
    Timide comme tout, la petite n’était pas parvenue à s’intégrer.  Les crasses que lui faisaient ses camarades avaient pris d’erratiques proportions, cependant pas au niveau de son état d’esprit comme on aurait pu l’insinuer. Ben n’a jamais fait de dépression. C’était peut-être pire : elle ne se préoccupait plus de son entourage réel, jusqu’à sa propre famille, sa propre sœur, quoique je ne sois pas complètement gâteuse.

    Pendant les vacances d’été de son passage en seconde, Ben a pris les démarches pour ne plus se rendre au lycée et suivre des cours par internet. En vue de son comportement ambigu, elle n’a pas eu trop de difficultés à obtenir son autorisation, d’autant plus que l’équipe pédagogique avait fait preuve de compréhension.
    J’étais peinée de la voir s’enliser dans l’asocialité, aux antipodes de l’enfant gaie, tactile et chaleureuse qu’elle fut.
    Néanmoins, -je ne l’ai compris que plus tard- Ben sourit tout le temps de l’intérieur.
    Vous savez, ma sœur a un sourire magnifique. 

    Il y a des mois de cela, ma curiosité l’a emportée.
    J’avais pensé que, à l’accoutumée, sa chambre exhalait des odeurs pestilentielles, plongée dans un tohu-bohu infernal, et que Ben était parfaitement à l’image de ce foutoir : les cheveux gras, la peau crasseuse, à moitié nue, ses intestins glapissant des borborygmes.
    D’un touché arachnéen, mes doigts ont lentement entrebâillé la porte.
    J’en suis encore toute pantoise : une quiète fragrance s’échappait de la pièce – probablement du romarin-  méticuleusement rangée, pas un détritus ne jonchait le sol, et Ben… était plus que jamais coiffée et propre.
    Sa chevelure satinée saillait de son chignon, sa peau diaphane et rosée luisait à la lumière du jour de part ses volets exclusivement ouverts, et son teint était frais, une image qui la supposait très paradoxalement quelconque.
    Aussi, l’adolescente s’était habillée, et ce avec goût : elle portait un short à mosaïques noir dont les extrémités étaient effilées et un T-Shirt de basketball rouge cerise sur lequel stipulait « Bulls 33 ». Couchée à plat ventre sur son lit, son ordinateur portable posé sur une planche afin qu’il ne surchauffe pas, ses pieds battaient l’air.
    Une voix qui s’adressait clairement à elle mais dont je ne percevais pas les mots m’indiqua qu’elle n’était pas seule.
    Et ce sourire qui ne se détachait pas de ses lèvres me révéla qu’elle était amoureuse.

    Un jour, j’ai entendu le crissement de la porte, à une heure très avancée dans la nuit. Encore une fois, j’ai épié. J’ai lâché un large soupir de soulagement quand j’ai aperçu la svelte silhouette de Ben. Pas elle.
    Elle ouvrait grand les yeux, comme si j’avais été la pire des mouchardes, sa mine atone disparaissant momentanément. L’adolescente se dirigea dans sa chambre sans moufter. Elle semblait parfaitement assumer les conséquences de son escapade nocturne, avisant que j’allais cafter à l’aurore.  J’aurais voulu lui hurler dessus pour l’estime si faible qu’elle avait de moi, mais j’ai dû me contenter de lui lancer un regard assassin.
    « Je chantais »,  elle avait dit.
    Et elle m’a toisée, les yeux mi-clos, voilés d’une curiosité nouvelle.

    L’adolescente était daltonienne, sinon que c’était nous qui l’étions tous. Un grand hasard que nos deux familles étaient composées toutes deux de gênes daltoniens et qu’elle contracta les deux.
    Le ciel était outremer tel la teinte intense du lapis-lazuli, la boue jaunâtre comme l’ambre, les cheveux  roux de tante Marianne d’un châtain caramel, la couleur de ses sapins semblable à celle des choux intacts dans son assiette délaissée…

    D’ailleurs, Papa et Maman.
    A m’entendre, on pourrait les croire invisibles. Nos parents n’étaient pas séniles, eux non plus. Pourtant ils subissaient le même traitement que nous tous.
    J’étais plutôt fière d’eux, un des rares couples qui perduraient.
    Au début, Papa était devenu très irascible face au comportement de ma soeur, et les disputes fusaient jours après jours. Ben restait si posée que P’pa s’énervait et lui décochait des gifles. Alors, elle partait se coffrer dans sa chambre en caressant sa joue rouge.
    Maman, pacifiste plus apte à la discussion, avait convenu d’un marché avec Ben, après avoir longuement discuté. Elle devrait devenir une femme responsable, être capable de prendre pleinement son avenir en main, cesser d’être asociale… Enfin, être ouverte, intéressée, débrouillarde. Je suis restée éberluée de méthodes aussi douces et de la confiance que M’man portait en elle malgré tout.
    Dès lors, P’pa et Ben ne se sont plus adressé la parole. Ils n’étaient liés que par la collocation.
    Pourtant, Papa était quelqu’un de très intelligent.

    Ben ne montrait aucun signe de remords, alors je n’en ai pas eus pour elle. Inconsciemment, j’avais agi comme M’man. Elle ne pouvait pas être elle-même stupide puisqu’elle nous jugeait tous en tant que tels, non ? Ce serait un comble.

    Nos proches pensaient que Ben faisait peur, à rejeter tout le monde. Quelle était bizarre, voire folle,  à ne parler qu’à des « inconnus ».  Ils ne le disaient pas ainsi, mais je constatais bien que leurs lèvres se languissaient de parler en ces termes. Ah, la diplomatie change tout. Mais Ben ne cachait pas de cadavres dans sa chambre, et elle n’était ni zoophile, ni sataniste, et Ben ne les effrayait pas vraiment.
    Je devine de la condescendance dans leurs paroles. Il paraît que Ben a pris le mauvais chemin, que c’est triste d’être témoin de ceci, qu’ils s’inquiètent pour elle. Est-ce qu’elle va se pendre, demain ? Est-ce qu’elle va mourir esseulée ? Pourquoi ne pas lui faire prendre des visites chez le psychiatre ?
    Mais Ben n’avait pas besoin de changer. Pas encore. Ben était bien, et personne ne voulait la laisser nager dans son monde mirifique.
    Et si c’était Ben qui avait peur de nous tous, hein ? Moi, je vous l’affirme.
    Ben a une phobie sociale.

    Mais Ben, c’était rien qu’une fille pleine de rêves. Elle était belle. Et surtout, et surtout, Ben souriait plus que nous tous, derrière cette voix monocorde et cette silhouette atone, plongée dans son monde mirifique.

    Ne dites rien, et laissez-la dans son coin.
    Ben est heureuse, bon sang !

    Ben & Joe


    4 commentaires
  • Un petit texte très vite fait en vue de l'état qui s'empare de moi ces derniers temps et de l'inactivité de mon blog. 
    Je travaille, je travaille. 



    Petite

    (Cosplayeur : helyxzero ; Anime : Watamote ; Personnage du cosplay : Tomoko)

    Je suis petite. Trop petite et trop chétive. Et en plus de ça, je suis très frêle.
    Je ronge mes ongles, je gigote, je cogite.  Je rougis. Je suis timide et nerveuse.
    Je ne me souviens pas avoir déjà ouvert la bouche. Mes lèvres me semblent avoir toujours été soudées.  
    Je me racle la gorge et je me défile avec appréhension. Ai-je déjà regardé quelqu’un dans les yeux ?
    Je frissonne, je claque des dents. Il n’y a que cet écran qui me soulage. Et l’obscurité.
    Encore elle. Ma meilleure amie quand la peur s’empare de moi.
    Je voudrais hurler,  que les battements de mon cœur se soulagent, que mon ventre arrête de grésiller et que ma poitrine soit moins contractée.  Je voudrais avoir du courage, et rattraper cette silhouette si leste que son apparence m’est inconnue.
    Rattraper l’utopie que j’avais jadis effleurée. Me rattraper moi-même.

    Je grandissais, quand on m’a coffré dans un corps de petite fille.
    Je devenais un boulet de canon quand on m’a fiché une mauviette.

    Putain.


    votre commentaire
  • Red Haze

    Une brume rouge envahit mon cerveau. 
    Mon coeur se tord, la rage suprême déforme mes traits, me décroche des maugréements stridents qui me déchirent la mâchoire.
    Soudainement, tout me semble si différent. Si futile. 
    J'agis irasciblement sans pouvoir inhiber ma colère.
    Des mots erratiques dégoulinent de mes lèvres et s'écrasent en communion avec le clapotis des gouttelettes.
    Ses insultes résonnent, élucubrations d'êtres simplistes. 
    Murmures aiguës deviennent esclaffements enfantins et satiriques.
    Ironie tout autant absurde.

    La brume rouge était omniprésente.
    Suis-je en colère ou m'élevé-je au dessus de cette discorde ?
    Pleuré-je de joie ou de fureur ? 
    Tout est si abscons !

    Aide-moi, Aide moi ! 

    Mes nerfs sont de menaçantes ficelles effilées. 
    Mes sourcils froncés trahissent mon attitude hautaine. 

    Des esprits m'enlacent, prompts à ouïr mes appels.
     Sourires aux lèvres, les plus médisants me taquinent gentiment.
    L'hypocrisie des ricanements est vaincue. 
    L'empathie et le réconfort m'embaument. 

    ( Artiste : Itsi ; Personnage : Russell ; Cartoon : Happy Three Friends ) 

    Je vous aime. 

    C B C

    ________________________________

    Purple Haze - Jimi Hendrix

    Purple Haze was in my brain
    Lately things don't seem the same
    Actin' funny but I don't know why
    Scuse me while I kiss the sky

    La brume violette envahissait mon cerveau
    Récemment les choses semblent ne plus être les mêmes
    J'agis bizarrement mais je ne sais pas pourquoi
    Excusez-moi pendant que j'embrasse le ciel

    Purple Haze all around
    Don't know if I'm coming up or down.
    Am I happy or in misery
    Whatever it is, that girl put a spell on me

    La brume violette était omniprésente 
    Je ne sais pas si je monte ou si je descends
    Suis-je heureux ou triste
    Quoi que ce soit, cette fille m'a jeté un sort

    Help me, help me,
    No, no !
    Yeah !

    Aide-moi, aide-moi, 
    Non, non ! 
    Ouais ! 

    Purple Haze was in my eyes
    Don't know if it's day or night
    You've got me blowing, blowing my mind
    Is it tomorrow or just the end of time

    La brume violette m'aveuglait
    Je ne sais pas si c'est le jour ou la nuit
    Tu as fumé, fumé mon esprit
    Est-ce demain ou juste la fin des temps


    votre commentaire
  • Bonjour, c'est bien Akwoo...! Je suis vraiment navrée d'avoir délaissé le blog, je n'avais pas vraiment le choix. J'ai réussi à récupérer mon ordinateur pour un petit moment, alors je vais un peu me rattraper côté articles. Merci à ceux qui ont tant bien que mal continué à se rendre sur le blog, en tout cas, même si vous remontez à près d'une semaine.
    Je vous aurais bien promis la lune, mais mon téléphone est K.O avec toutes mes notes. Je me suis tout de même procuré ce petit poème, affectueusement nommé "Monstre" façonné le... 30 septembre ? Ça fait si longtemps ? Oh là là...
    Contrairement aux autres, j'y ai respecté les rimes. 

    Monstre.

    Monstre

    (Artiste : Yuumei)

    Des prénoms qui passent, qui s'effacent.
    Âme davantage solitaire au fil de prestes jours,
    dévorée par une solitude vorace.
    Lynchée par ces amours,
    ces sentiments joyeux et leurs fragrances,
    ces préférences à outrance.


    J'étais ici, là, céans, au loin et au près, adjurant,
    comble du désespoir, comble de comportements inopérants.


    En cette pénombre où je me cache, en ce noir imparfait,
    des silhouettes rougeoyantes s'esclaffaient.
    Leurs sourires doucereux maculèrent les pans de mon excavation,
    chatoyèrent d'une infinité de teintes agressives.
    Mon spectre, rongé de cette matière éthérée corrosive.
    Mon âme, aveuglée de la vie en une ultime aberration.

     

    Il porte plus ou moins sur le même sujet que "J'ai des problèmes dans ma tête", et de la lettre d'ailleurs.


    votre commentaire
  • Courir. Courir. Courir.

    Je dois courir.
    Aussi loin que mes jambes pourront m'emmener. Assez loin de tout le monde.
    Je veux plus voir personne. Je veux plus avoir à voir quiconque.

    Fuir. Fuir. Fuir.

    J'ai peur.
    Peur d'eux. De ces gens. Sans coeur. Le mien, il bat fort. Très fort. Trop fort. Parce que je suis effrayée.
    Peut-être qu'il va transpercer ma poitrine ?
    Et une boule obstrue ma gorge.
    Et je vais m'étouffer, qui sait ?
    Mais tout ça m'arrête pas. Je m'enfuis comme jamais.

    Et ça se bouscule dans ma tête.
    Des questions.
    Plein de questions.
    Des questions sans réponses. 
    Des problèmes.

    Oui.

    Pourquoi ? Hein, pourquoi ? Pourquoi ?
    Pourquoi ils peuvent pas juste m'aimer ? C'est si dur que ça ? Pourquoi je peux pas avoir d'amis ? Comme tous les autres ? Ça ferait quoi de me faire des câlins ? Des bisous ? De rire avec moi ?
    Pourtant j'ai fait des efforts pour être aussi conne que vous ! Et ça marche même pas ! Qu'est-ce que j'dois faire, putain ?! Putain ! J'ai la trouille !
    Je veux le noir ! Rien que le noir, partout le noir, pas de souffle, pas de vie autour de moi !
    J'veux juste me prouver que mon existence est pas si pourrie... J'veux juste quelqu'un à côté d'moi ! Quelqu'un d'parfait pour moi, ouais, rien qu'ça. J'veux la serrer contre mon corps, plus penser à rien. Plus avoir à porter autant de choses sur mon dos. Qu'on m'épaule.
    Mais à la place, je gambade. Sur la route, dans la forêt. Où personne pourra me forcer à retourner là-bas. Et je pleure, aussi.
    J'suis une mauviette. C'est pour ça que j'rate tout.
    Ah ! Quelle aigreur.
    Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

    J'ai des problèmes dans ma tête



    Pourquoi ?


    4 commentaires
  • Une envie très soudaine de m'exprimer. Ce texte écrit très vite fait regroupe plusieurs sentiments face à des événements récents, et donc résume également plusieurs textes. Etant donné que le temps que j'ai passé dessus est moindre, il n'est pas très révélateur de mes capacités en littérature. 

    Sinon, il est tout chaud. J'ai dû faire ça en l'espace de 2 jours, et je viens tout juste de le finir.
    Pour informations, Argante est un de mes OCs.

    Ça fait du bien de se lâcher ! 


    (Artiste : Kana)

    Souvenir douloureux d'un passé radieux

    Cette âpre sensation qui hurlait à brûle-pourpoint que plus rien ne serait comme avant, accompagnée de ta voix tellement peu chaleureuse. Elle s'élevait altièrement, brisant le silence du crépuscule.


    "Tu ne m'évoques plus la beauté, ton corps n'est qu'un squelette. Ton regard est nonchalant et morne, et tes sourires sont rictus. Tu es quelqu'un de si morose. Tu as perdu ton sang-froid légendaire et tu es tout le temps proie à des sautes d'humeur. Tu tiens à peine en place. T'es pas bien dans ta tête. Tu n'es plus capable de me divertir comme auparavant, tout ce que tu dis m'ennuie plus qu'autre chose. Désintéressante. Et tu ne fais que chouiner. Regarde, tu te mets encore à pleurer. Tu n'es plus la fille que j'aimais. Ce caractère authentique dont tu étais dotée n'est plus qu'un lointain souvenir. Va-t'en. Je ne veux plus te voir. Tu m'as perdu, Argante. Définitivement."

    Les larmes fusaient, striaient mon visage.
    Afin d'appuyer tes paroles, tu arrachas mon collier, pour le suspendre au dessus des égouts, et le jeter dans ces abysses.
    L'étoile et le coeur en or cliquetèrent une dernière fois l'un contre l'autre, se disloquèrent, disparurent, rancis par les ténèbres.

    La passion et l'amour n'étaient plus miens, et ce depuis bien longtemps. Pourtant, l'espoir avait subsisté et venait tout juste d'expirer. Alors que j'y croyais encore, tout venait de se briser. Notre relation, la raison, la positivité, mon coeur, mon cerveau.
    Moi. Annihilée.

    Pourquoi ? Tout était encore possible, nous aurions pu, lui et moi, être heureux...
    Une douleur s'empara de ma poitrine, enlaça ma gorge. Les souvenirs lancinants d'un passé radieux me montaient au nez.

    Au milieu de la route, je m'abaissai, j'attendis. J'entendis. Le bruit de tes pas qui s'éloignaient et me rapprochaient chacun un peu plus de la solitude. Ta fierté renaissante que je t'avais gracieusement offerte, ton sourire, tes rires. Mon oeuvre s'échappait, mon oeuvre m'échappait. Piteusement.

    J'ai regardé mes doigts, mes pleurs humecter la bitume. Je me suis sentie inutile. Dénuée de fonction, simple chaînon dépendant de tout son être.

    Utilisée.

    J'avais été saisie d'une envie bestiale de hurler à la façon des chiens attachés.
    J'avais braillé à m'en vriller les cordes vocales, à m'en époumoner.

    Démence.

    Je souffrais tant.


    2 commentaires
  • Where d'you go ?

    Où vas-tu, toi ? Et toi ? Et vous ?... Pourquoi vous partez tous ?

    Ce ne sont pas les ennemis, mais les amis qui condamnent l'homme à la solitude. Il n'y a que seul que rien ne peut vaciller. 
    La passion est alors tout ce qu'il subsiste, et ceux qui en sont particulièrement dotés auront la force de ne pas être rancis par la marginalité et l'ennui. 

    "Cette atmosphère me met de la baume au cœur. La douceur poétique, les filets d'eau striant le carreau, l'agréable bruissement de ma plume contre la feuille, le vide omniprésent autour de moi.
    Mais tout cela a quelque chose de si mélancolique..."

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique