• La couleur du vide - Chapitre 1 : Partie 2

    La couleur du vide - Chapitre 1 : Partie 2

    (Artiste : Naked Cat ; OC : Auteur)

    Les lois qui nous régissaient étaient rudes. La mort était si vite octroyée aux plus faibles.
    « J’ai la dalle, j’ai sommeil, et suis sale… », intima tacitement cette voix ferme, grave, juvénile.
    Un exilé affamé. A priori, Il était à peine plus âgé que moi.
    « On peut trouver un accord autour d’une tasse de thé ! T-Tranquillement ! » bafouilla la femme.
    Il hocha un sourcil.
    Elle émit un rire nerveux.
    Décidément, elle avait un mal fou à contrôler ses émotions. La situation tournait pourtant en notre avantage. Il s’avérait que le silence dans l’appartement ait insinué l’idée qu’il soit vide dans le crâne de l’intrus. Quelle naïveté que de croire qu’avoir un otage et une arme suffisait à l’écarter des menaces extérieures.
    Kimi pivota pour rejoindre la cuisine, sous l’impulsion du canon. Au tournant, je bondis agilement, les phalanges dures, s'écrasant sans plus tarder sur la mâchoire du malotru. Il partit violemment en arrière, maculant mon poing de sang. Son arme lui échappa des mains, et je posai mon pied dessus en le toisant sévèrement. Son dos frappa le sol : il lâcha un râle de douleur.
    Il avait une peau très pâle, des cheveux blonds, et était vêtu de vêtements en bon état, à l’aspect onéreux. Celui-ci venait assurément d'Europe du nord, ce qui expliquait son imprudence : ils n’avaient été débarqués que récemment.
    Le jeune homme se frottait la mâchoire, les larmes aux yeux. Il ne faisait plus sa vingtaine, dans cette situation si pathétique. Avait-il un jour représenté un danger ? Il n’était qu’un riche habitué à avoir tout ce qu'il désirait et, à en juger par sa conduite, doté d'un taux de testostérone particulièrement bas, qui le rendait bien lâche… Un nouveau-né qui ne goûtait que récemment à notre mode de vie moins luxueux.
    « Donne-moi toutes tes balles », lui ordonnai-je.
    Il les déposa fébrilement sur le parquet, inquiet, mais docile. Elles tombèrent en cliquetant.
    « Maintenant, casse- toi. Si tu reviens, je te tue.
    -Je voulais juste vivre », susurra ce dernier.
    Le jeune homme traînait le pied en sanglotant silencieusement. Je l’observais quitter l’appartement, sans savoir que faire. Il me lança un dernier regard. Serait-ce de la haine ? Ses mots résonnaient dans mes pensées, tels des fatalités, tels l’uppercut de l’injustice.
    Il fallait faire des choix. Je pouvais faire des choix. Le mien était de protéger ceux que j’aimais. Personne n’avait le droit de malmener ma précieuse Kimi. Certains n’avaient pas cette possibilité, et se retrouvaient cloîtrés dans un étau inéluctable, lequel les poussait à de mauvais agissements.
    Les arts martiaux faisaient partie intégrante de la scolarité, cependant cette réforme n'était opérée que depuis une dizaine d'années, et ni Kimi, ni Papa n'en avaient bénéficié.
    « Tu es si bête, Kimi », proférai-je à son intention, pour reprendre ses dires.
    L'intéressée grommela, en s'étalant de tout son long pour calmer les battements de son cœur. Je souris de la savoir saine et sauve. Il ne restait plus qu’à apaiser ses inquiétudes.
    « Papa a plus d'une heure de retard... Je vais le chercher. Et n'ouvre à personne !  m'exclamai-je en ramassant l'arme à feu et ses balles, Ne sors PAS ! », répétai-je.
    La pluie s'était calmée. Ce n'était plus qu'une bruine qui léchait ma peau de son toucher éthéré. Cependant, le froid et la brume évaporaient mon souffle en broues, fugaces et agiles, concordant avec chacun de mes mouvements. Le ciel menaçant avait vidé les rues, et je courais, seule. Le sans-abri de tout à l'heure avait décampé. La ville n'était qu'un pâté de maisons, de bureaux, de ruelles et de boutiques. Il n'y avait que des lignes de métro qui la desservaient. Sinon, nous étions forcés d'utiliser des moyens de transport mécaniques et individuels, le plus souvent des vélos. L'électricité était produite par les éoliennes ou les barrages d'eau, et les industries qui nous approvisionnaient se situaient en périphérie de la ville. Le système la préservait, au dépit des hommes qui se rendaient en territoires abandonnés.
    En arrivant sur le quai, il n'y avait pas âme qui vive, si ce n'est un chat errant. Je le savais, car ses yeux bleu turquoise chatoyaient dans l'obscurité.
    Le métro n'était pas fonctionnel.  Éventuellement une coupure de courant à cause de la pluie. Je fis la moue. Les problèmes affluaient, malgré les efforts qu’avait faits le gouvernement, qui, peu à peu, s'était retiré pour nous abandonner à notre sort. Je sortis mon téléphone pour éclairer et longer le quai, et gagner la salle de contrôle.
    La porte était défoncée. Un large trou me permit de me faufiler sans problèmes.
    Il y avait une bougie usagée près du large panneau où figuraient pléthore de boutons et de manettes. Je me mis à l'inspecter. L'interrupteur était simplement baissé ! Quelqu'un avait manifestement voulu faire croire à une panne électrique due à la pluie pour ne pas affoler les familles des travailleurs.
    Je déglutis en remettant le courant.
    Je sortis consciencieusement la tête pour guigner prestement. La lumière ne m'avantageait pas, mais la voie était libre. J'avançais en me plaquant au mur carrelé, tendue, et je m'extirpai vivement dehors.
    Sur le bas-côté se trouvaient des vélos en libre-service. En fouillant mes poches, je ne découvris pas d'argent.
    Quoi qu'il en soit, je ne pouvais pas y aller sans aide. J'avais beau être plutôt audacieuse, cela ne faisait pas de moi quelqu'un d'inconscient.
    Je me cachai derrière des buissons en pianotant sur mon téléphone.


  • Commentaires

    1
    Vendredi 30 Mai 2014 à 18:37

    Et appelle-t-elle ? To be continued XD

    Enfin Bref ! J'aime Beaucoup ta fiction ! J'attendrais la suite avec impatience  :3

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