• Ma vieille ennemie la solitude

    Breathe me - Sia



    (Artiste : Merdell ; Personnage : OC)

    Ma vieille ennemie la solitude,

    Une fois encore, tu captives ma plume, tu habites mes pensées.
    Comme toujours, tu te tiens en une dense obscurité.  
    Cependant, je t’y devine sans difficultés.
    Si tes iris ambre chatoient de ces ténèbres abyssales, il n’en est rien pour tes innombrables victimes aux yeux brouillés de larmes.
    Incoercible et sempiternelle solitude, je suis la plus chétive des créatures et tu t’insinues en mon âme,
    or,  je suis parvenue à te proscrire un prompt instant de mon être.
    Alors même que je te tourne le dos, je sens ton omniprésent et perfide spectre,
    ton œillade fielleuse me guetter, quelquefois, ton toucher arachnéen m’effleurer,
    et ta voix me leurrer de doux chants malheureux.

    Ma seule et pire ennemie,

    Toi qui m’ôte tout acte valeureux,
    toi qui me glace le sang, compresse mon cœur,
    et dont fuse la rancœur.
    Tu t’exclames en un corps comme en une infinité,
    furibonde d’un monde noirci.
    Sur nos consciences, tes mains pleines de suie,
    occultées par ton étreinte au faux-semblant de bénignité.
    Ton ubiquité tord  chaque chose en une mélasse abjecte,
    tu diriges tes martyrs vers une mort infecte,
    sans confiance, sans ambition, sans force, sans dignité.
    Cris de désespoir ou de folie,
    déraisonnables, belliqueux,  ou dénués de conviction.
    Tu avilies, dépassionnes, taries, enorgueillis…
    Ah ! Tu es tant de choses à la fois, si omnipotente et enjôleuse, et destruction ! 
    A-t-on déjà vu quelqu’un choyé ouïssant l’appel de la mort ?!

    Détestable allégorie du sort funeste,

    Tu  amaigris deux genoux frêles, qui cèdent au moindre effort,
    et empâtes deux genoux replets…
    La lame caressée, le rouge discret,
    pléthore de sentiments et d’aliénation…
    Respirer devient une affliction.
    [Ne pars pas…]

    Solitude, ta toute puissance est ineffable, 
    et tu es en chacun d'entre nous. 


  • Commentaires

    1
    Samedi 15 Mars 2014 à 21:40

    C'est toi qui a écrit ce texte ? En tout cas, il est magnifique ! Le vocabulaire est riche, ça illustre très bien l'idée de la solitude, une des plus grandes peurs des hommes. Rah, cette musique et trop belle ! Et j'adore l'image, elle est superbe :)

    2
    Dimanche 16 Mars 2014 à 02:39
    Je citerais mes sources s'il n'était pas de moi, et je le posterais ailleurs. :o En effet, il me semble que la solitude est quelque part la cause d'une grande partie des malheurs du monde. Quand quelqu'un qu'on aime meurt, une place en moins, ou un champ de bataille dénué d'amour, par exemple... Dans beaucoup de cas de figure on a affaire à elle, et pas seulement par bête manque d'amis.
    En tout cas merci beaucoup, ça fait plaisir !
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    3
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:57

    On peut aussi se sentir seul à cause de la différence, si l'on est étrange aux yeux des autres et qu'ils nous rejettent. Après, je pense que l'on peut toujours trouver un moyen d'échapper à la solitude, de la tromper, et pas seulement en étant avec d'autres personnes : on peut s'inventer des histoires, faire évoluer des personnages que l'on aurait voulu être dans l'intimité de ses pensées, leur parler. Ça peut sembler bizarre, je sais, mais à mon avis c'est possible.

    Il n'y a pas de quoi :)

    4
    Dimanche 16 Mars 2014 à 19:08
    C'est un cas classique malheureusement, et ça peut tomber sur n'importe qui. D'ailleurs il y a des clins d'oeil à cette situation dans le texte.
    Oh, je comprends parfaitement ce procédé. Il m'arrive d'écrire de la plume d'un personnage ou de le dessiner dans une situation similaire à la mienne car la compréhension totale règne, l'incompréhension étant une facette de la solitude. Par conséquent ils sont des parties de moi, et c'est réconfortant en un sens. La relation entre un personnage et son créateur ne se limite pas qu'à une oeuvre.
    Défouler la solitude qu'on a sur le coeur par une quelconque passion marche aussi.
    Mais rien ne vaut de véritables personnes.
    5
    Dimanche 16 Mars 2014 à 21:02

    La compréhension entre soi-même et son oeuvre est primordiale, c'est vrai, puisque voir le problème devant soi, posé, permet de se sentir mieux. Mais sur les sept milliard d'êtres humains peuplant la terre, est-il possible d'être totalement seul ? Il y aura forcément une personne dans la même situation. Et si il y a quelqu'un dans la même situation que soi, ça signifie que l'on n'est plus seul. Reste juste à trouver cette personne... :')

    6
    Mercredi 19 Mars 2014 à 21:57
    Ça l'atténue bien souvent, même.
    Non, c'est impossible, et je suppose que les personnes seules se morfondent davantage en sachant ça.
    D'un côté il faut aussi donner du sien pour ne pas être seul, parfois ce n'est pas un hasard et il faut chercher le problème et/ou se remettre en question. Ces personnes se méprennent beaucoup et se sentent incomprises faute de pouvoir connaître les autres à cause du rejet.
    7
    Lulu
    Mercredi 26 Mars 2014 à 17:45
    Sur un vieille IPod datant de 2008 j'ai un peu la flemme de rédiger mais bon,allons y.

    Quand j'étais petit, je vivais dans une citée à Argenteuil, au cœur de la misère donc. Toutefois, j'ai passé mon enfance dans une "bulle", non qu'il n'y ait eu des relations entre les deux mondes, loin de là ; mais, dans mon milieu social, j'ai vécu dans une bulle, ignorant l'autre, ne rencontrant l'autre que comme faisant partie du paysage ou du décor dans mon existence collective.
    Peut-être parce que j'ignorais l'autre qu'il m'a sauté à la figure. Il a fait exploser mon univers clos, qui s'est décomposé dans la violence et il a affirmé son existence.
    Découvrir l'autre, vivre avec l'autre, entendre l'autre, se laisser aussi façonner par l'autre, cela ne veut pas dire perdre son identité, rejeter ses valeurs, cela veut dire concevoir une humanité plurielle, non exclusive.

    Dans cette expérience faite de la clôture, puis de la crise et l'émergence de l'individu, j'acquiers la conviction personnelle qu'il n'y a d'humanité que plurielle et que, dès que nous prétendons posséder la vérité, nous tombons dans le totalitarisme et dans l'exclusion.

    Aussi, on parle souvent de tolérance, je trouve que c'est un minimum et je n'aime pas trop ce mot, parce que la tolérance suppose qu,il y ait un vainqueur et un vaincu, un dominant et un dominé, et que celui qui détient le pouvoir tolère que les autres existent. Bien sûr, il vaut mieux que le rejet, l'exclusion, la violence mais je préfère parler du respect des autres.


    Je profite de cette réponse emputée du 3/4 pour te dire que, Myriam,tu tiens un blog formidable dont le contenu m'intéresse beaucoup (même si je suis pas forcément d'accord haha), et que je t'encourage (euphémisme) à continuer.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :