• Souvent la contingence me fait doucement sourire. Je te regarde obscurément, assoupi et insouciant, et je songe à ce hasard, enfin, à ma volonté, à celle des autres, ce champ d'incertitude duquel résulte ta présence occasionnelle à mes côtés. Rien ne nous liait, un rien m'avait mise sur ton chemin, bien des fois tu t'en es écarté, je t'y ai remis sans relâche malgré la lâcheté de notre relation, tu n'as pas rechigné. C'était un mélange de plusieurs volontés, la mienne, la sienne, la tienne, ta voix silencieuse, peut-être mise devant le fait, contrainte, dépitée, qui sait, un beau jour avait prononcé mon prénom.
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    Ton image s'impose au milieu des éléments naturels. Cette lumière divine parmi la tempête me rappelle l'amour de ton image au sein du chaos de mon esprit.

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    Parler de toi comme pour te conjurer et pallier à la souffrance de ton absence.
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    Sous ces traits dissimulés les anges thomistes
    Ton flegme et mon flegme silencieuses solitudes perdues, amours inespérées
    J'imagine que tu vois plus loin
    Que ton entendement est celui des anges
    Car en toi, quelque chose que je ne saisis pas et je reconnais erratiquement supérieur
    Les joyeuses beuveries, l'étreinte d'un père, le rire d'une amie
    Tout cela est bon. Mais tout cela n'égale pas la présence d'un ange. La grandeur qu'il m'inspire, moi aussi, semble me pousser vers le surhumain... Scribe impétueuse.
    Par pragmatisme, je cherche dans cette réalité l'abstrait souvenir de ma figuration.

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    Entre autres, ces choses que l’on nomme amour :
    La séparation, le temps, les circonstances ;
    Ne font que dégrader la profondeur de cet infiniment passionné ;
    S’il n’est sagesse, il n’est pas plus éphémère bêtise.
    Attraction, inclination, luxure, somptueuses sensations :
    Ces jeux alchimiques n’ont rien à voir avec l’esprit.

    ----
    Je suis déçue de mes impressions. J'ai cette sensation, celle d'avoir été dupe de mes propres sentiments, d'avoir cru en leur grandeur en cela qu'ils m'apportaient de grandes choses. Un instant, un seul rire cynique et voilà balayé l'Amour ; enfin, « l'amour ».
    Et je me vois là à contempler le sol, mon gras, ma médiocrité, corps las et comme absente. Je ne me sens plus de rien si ce n'est d'écrire ces plaintes. Et si je refuse cette conclusion, est-ce parce que je m'en vois toute diminuée, ou par réelle dévotion ? Toutes ces questions sont des écueils, elles me confrontent à cette terrible humanité, cette soif d'alchimie, l'amour de « l'amour » - l'unique inclination de l'humain, peut-être... -, ma volonté de ne m'y point reconnaître, du moins vaguement. Et j'ai envie de hurler devant tant de pragmatisme car le pragmatisme tue toute l'excitation de la vie, apporte une explication cartésienne aux bonheurs que l'on croit nous venir de l'au-delà et d'en-deçà. Je veux croire, et aimer, et je plains ceux qui ne peuvent ni croire, ni aimer ; ils se regardent souvent le gras. Mais plus que tout, créer, fût-il en contemplant ma médiocrité. Bien sûr, je sens encore ; cet immense vide, qui me gagne, qui me désespère, avec son indolence insupportable et sa bonhomie péremptoire ; c'est le cynisme, et il m'apprend l'humilité. Mordez mon cou, plantez vos ongles dans ma peau, arrachez-moi le cri le plus guttural ; déchirez-moi les entrailles, rongez mes os ; le sang engendre les mots, allez-y à l'envi, je suis votre hôte !

    Faites-moi souffrir le martyr s'il m'épargne le vide et son cynisme ! Une placide angoisse m'éprend, cette sous angoisse, l'angoisse ontologique, dénuée d'affects.
    Et donc, te conjurer pour me sauver ? À nouveau ? N'es-tu bon qu'à jouer les chevaliers involontaires ?
    Enfin, quelle est ma légitimité à juger de tels jeux ? Voilà bien longtemps que je m'amuse à jouer les martyrs en choisissant mes bourreaux avec toute la langueur du masochiste. Des espoirs sourds se profilent.
    ----

    Comment t'aimer 

    Sans tomber dans la monotonie de la contention ?

    Sans t'effrayer de ma folie ? 

    Sans altérer ta beauté de mon impudique toucher ?

    ----

    Dans mon esprit ce grand bruit m'embourbe dans les désagréables méandres de la singularité

    Ce patronyme familier respire la saleté, la maladresse et l'oisiveté ; je l'efface, je lui substitue

    Akwoo, Ënos, Sijerâ, Brade ou Onwa

    Il n'y a que ce lieu solitaire pour me rendre justice et m'épargner un instant

    la médiocrité.

    ----

     

    L'attrait des contentions 


    Mais trouve-t-on chez les hommes quelque élégance ?
    Un dévoilement perpétuel, impudique
    Déleste le sentiment de sa poétique,
    Lors qu’en dissimulant, je le fais plus intense…

    Tu ne me prêtes aucun affect ; douceur placide
    Mon sourire, narquois, mon geste, nonchalant
    Sèment en toi, à ma plus grande joie, ce béant
    Trouble et je te vois qui rougis, transi et avide

    De ne pas savoir, et tu y vas des surnoms :
    Monstre, succube, démon, ce visage d’ange,
    Tu le crois fielleux ; tu ignores ce qui le ronge.

    Pourtant ! proie de la plus fervente adoration
    Pour la grâce du jeu, arborer la raison
    Par une folle sobriété, cacher l’oraison.

     


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  • Je me suis montrée ingrate.
    Je te remercie de m'avoir gratifiée d'un sourire si sincère et de m'avoir sauvée des affres de la haine, qui, succinctement, reviennent me hanter. Je préfère de loin le désespoir de la passion à celui de la haine.
    Tu n'en sais rien, mais j'imagine que tu en serais ravi. Je t'en prie, quoi qu'il arrive, d'être bon. Je me suis trop abîmée par effronterie masochiste.

    Toute cette implication, toute cette dévotion, ce soin particulier, pour n'être que corps... J'entends leur vipère voix, elle me susurre, suave, les phrases les plus altruistes avec les intentions les plus sournoises. J'en frissonne d'horreur. Et finalement je me tasse sur la pile de corps ; c'est mon corps, là, impersonnel, sans particularité, et mon être au-dedans, loisir ayant fait son temps. Si vite dénué de tout intérêt. 
    ----

    Donne-moi tes mots ; c'est bien plus que ce que je pouvais espérer.
    Tes mots sobres ont la magie du divertissement.
    Ils lancent en moi un élan incroyable.
    Les contradictions s'abaissent et réfléchissent entre elles comme un labyrinthe de miroirs.

    Peut-être, peut-être te trouverai-je
    Au nom des morts je ne peux cesser de te chercher
    Au nom des morts je ne peux abandonner
    Pour toutes ces opportunités avortées, saisir les miennes.
    Je n'arrive à taire aucune de ces voix dans ma tête. Celle de la culpabilité, de la haine et de l'amour, danse macabre, ode à la vie.
    ----

    Avec effronterie, de la folie à l'ataraxie
    Qu'elle disait ! C'est qu'elle en fit bien vite le tour, de l'ataraxie.
    ----

           La pièce sentait le remugle. Les stores, lâches, brisés, laissaient les timides rayons du coucher de soleil inonder la chambre de teintes brunes et obscures. Sur le plancher de bois gisaient habits, carnets, paperasse, godasses ; une ou deux boîtes ; à l'origine de ce capharnaüm, une valise cabossée, jamais tout à fait vide ou tout à fait remplie, perpétuel départ, perpétuel retour. Les crayons avaient suspendu leur vol au beau milieu d'une phrase et se dispersaient sur la planche qui lui servait de bureau. Ils se perdaient, et les feuilles noircies, sous d'énormes classeurs ; une confrontation obligatoire à laquelle Chris se dérobait pourtant par le sommeil, l'espoir qu'il pût être repos constamment renouvelé, et constamment déçu.
           Sa tête blonde était si profondément engoncée dans les coussins qu'on l'eût cru mort, son corps, à la renverse, comme subitement tombé par narcolepsie ; enfin, la blancheur de cet être, qui ne voyait le soleil qu'au travers de ses volets cassés, rappelait celles des cadavres frais. Parfois, il s'agitait ; il changeait de position, murmurait, pleurait, aussi.
    Son cerveau malade lui jouait des tours, et le sommeil n'était plus repos puisqu'il attestait sa folie, et pire encore, la prolongeait. Les bras de la folie sont si larges, si longs ; comme les racines d'un arbre centenaire sont profondément enfouies sous terre, ces bras s'étendent jusque dans les méandres de l'âme : dans l'inconscient. Dans son propre rôle de metteur en scène, il se torturait encore par la douloureuse alchimie du contraste. Ses rêves étaient toujours les mêmes ; autres, c'est-à-dire dans le déni. Entre autres, ce rêve salvateur et cruel qui lui permettait de croiser à nouveau ce regard vert, dont le néant avait ôté toute vivacité pourtant. Ether s'incarnait avec une beauté désespérée. Elle riait et dansait, s'emparait de son visage de ses doigts graciles. Elle gratifiait souvent Chris de paroles sages qu'il n'écoutait pas, bien trop heureux de retrouver cette chaleur onirique. Mais les arbres verdoyants, la robe bleue, le chant des oiseaux ; d'où viennent-ils, sinon du néant ? Du néant d'un monde qui, à défaut de beauté, se gorgeait de souvenirs d'une beauté ; les humains aiment tant à la conjurer, cette feue beauté.
           Lorsque Chris se décidait finalement à palper ce corps et cet être qu'il chérissait tant, une désagréable sensation l'éprenait. Il éprouvait la beauté, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Ses lèvres sèches s'humidifiaient au contact de la douceur de celles d'Ether ; il reprenait vie, ce qui n'était pas non plus dans ses habitudes. Puis la passion, que revoilà ! Il prend son visage, il plaque ses lèvres contre les siennes avec fougue, et cette fougue parle, elle dit, sournoise : « Ce n'est pas réel. » Alors Chris se ravise, il éloigne son visage du sien, interloqué, pour la dévisager. Les bras de la folie, parfois, se heurtent à quelque raison. Ether fronce les sourcils et s'empresse de reprendre le pauvre baiser. Elle appuie ses lèvres avec une telle force ! La fougue est confuse : « Est-ce réel, cette fois-ci ? », les baisers se prolongent, et bientôt la fougue prend le visage de la folie et s'écrie : « Dieu merci, c'est réel ! ».
           Cette prompte réjouissance était presque toujours suivie du réveil de Chris. Son corps endoloris par le sommeil tressautait comme s'il fut tombé de plusieurs milliers de mètres, d'une joie édénique à une réalité géhennique. Guère chant ! « Pan ! Pan ! Pan ! Pan ! », détonations infernales qui font vibrer tout son être d'un frisson d'horreur ! Le beau visage d'Ether ? Non, une passoire sanguinolente ! Et Chris, comme ses aïeux jadis, devenait le réceptacle de la Géhenne, par laquelle elle se creusait toujours plus en profondeur.

    Un peu de mort, un rien d'urgence, et dans ces corps brûlants résonne déjà le cor strident


           Angoisse face à l'inéluctable, l'inestimable néant... L'angoisse, d'autant plus oppressante qu'elle nous empêche d'appréhender la mort. Toutes ses sensations qui étouffaient Chris, finalement, en faisaient un parfait vivant.



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  • Je suis revenue ici et tout était à sa place.
    Tout était à l'exacte place où je l'avais laissé, mais tout était différent.
    ----
    ¡ Meurs ! ¡ Meurs ! ¡ Meurs !
    Que la muette fureur d'Ënos
    T'inspire la terreur !
    ----
    Demain, je pourrais mourir. Mon âme sœur ravivera toujours mon souvenir.
    ----

    Cette obscurité demeure tapie dans un creux hors d'atteinte de ma lumière. Elle se sait obscurité et honore son statut.
    Est-ce mal de vouloir détruire, de temps à autres ? D'aspirer au malheur de ceux qui ont altéré ma joie, parfois ?
    Et si je ne peux haïr quoi que ce soit, à quoi dois-je m'en remettre ? À me haïr moi pour mes mauvais choix et mes émois ? Car tout ce qu'il me reste à haïr, à portée de main, c'est bien moi-même. Les hommes sont si prompts à se faire plaisir, mais il ne reste jamais personne à haïr ! Pour détester quelqu'un en toute quiétude, il faut d'abord lui donner ponctuellement l'impression qu'on l'aime. Telle conjecture m'est étrangement familière. Mais la manipulation est le fait de ceux qui se sont refusés à la vertu ; je hais, inexorablement, mais je hais justement et sincèrement.
    Et tout ce fiel ! Il est là, abondant, onctueux, il attend de corroder la peau ! Demander au fiel de ne rien corroder, c'est demander au prêtre de ne plus prêcher ; au passionné de ne plus produire ; à ceux dont la vigueur agite le corps, de ne plus bouger.
    Mais quelque humain ne se laisse haïr que par la haine malhonnête ! C'est décidément qu'il a propension au péché. Quel égoïsme que d'attiser la haine jusqu'à l'exaltation, pour s'y refuser parce qu'elle se sait haine et ne s'en défend pas !
    Ah, le grand bûcher ! Quand il a commencé à s'agiter, tout le monde s'est enfui vers la ville. Maintenant, la forêt et les animaux ont brûlé.
    C'est que ces êtres sans logos s'illustrent davantage par leurs vertus sacrificielles que bien des humains.
    Aujourd'hui encore il brûle ; au loin, alors c'est comme s'il ne brûlait pas ; et on entend les cris de la nature au loin, alors c'est comme s'ils ne retentissaient pas.
    ----
    Dans la haine se trouve une négation cynique qui attirerait presque la sympathie ; dans l'amour, une positivité mièvre qui débecte...
    ----

    Ce que l'amour manque d'humilité ! Il bouscule même les besoins les plus élémentaires, il se trémousse, il hurle : « Je suis là ! » à raison d'une fois toutes les dix secondes ; on le sait déjà bien assez !

    Les pensées, il les envahit et les détourne de leur devoir ; croit-il en valoir la peine ? Quant à l'appétit, il pense pouvoir mieux l'épancher que les aliments. L'art, il le détourne de choses si grandioses ! La mort, la solitude, le désespoir ; non, ce sera l'amour, l'amour aujourd'hui, demain et hier, toujours l'amour.

    Obsessif, envahissant...

    Mais qu'il est bon de le ressentir, cet amour.
    ----

    Sous ses yeux ma plume tremble. Sous ses yeux ma plume ne chatouille plus, elle n'en peut plus elle-même d'être plume fine et frêle sous les regards scrutateurs de l'Humain.
    Celle qui me vient d'au-delà et d'en-deçà de l'être, qu'a-t-elle fait pour se voir soumise de la sorte ?
    ----

    Certes, capable des plus grands et soudains émois

    Une force, plaît-il ? Que de se réjouir de la simplicité

    Et de regarder solennellement le néant, cette familière silhouette qui m'accorde répit

    J'ai tant tué, et si désormais

    Je créais ? Et si désormais

    J'aimais ? Et toujours 

    Malgré la vertu, une incoercible attirance vers la laideur.

    Le Laid, l'heurt et le fiel, mes muses mortifères...

    Et décrivant le Beau et sa prétention

    M'en vidé-je ?

    Et dans la passion

    Se dégrade-t-on ?

    Car dans l'adoration, il ne me semble rien perdre de moi-même, mais chérir davantage cette rare âme aux grandioses élans. 

     

    Amour digne et fou, tu n'as besoin de quiconque, personne ne te reconnaît. Je te laisse mien ; qui saura te donner les honneurs que tu mérites ?

    Sous ces yeux insensibles tu seras bassesse. Je t'y refuse.


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  • Mais quinze jours face à l'éternité, qu'est-ce que c'est ?
    ----

    Tu ne t'es pas refusé à moi ; tu t'es refusé à l'amour, l'amour grand, celui des grands mots et de l'amour du risque ; le vertigineux, l'enraciné, le terrible.
    Tu as pris peur, ce qui est dans la suite des choses.
    ----

    Sempiternelle maîtrise ; refus du lâché prise
    Mais une pompe qui s'agite dans ma poitrine
    Tu m'épuises, Marathon de mes pensées
    Je t'aime aussi Eros qu'Agapé
    Je t'ai injustement dégradé toi que personne ne talonne
    Presque ridicule, tu conviendras
    Muse involontaire, tu as tari mes yeux
    Du seul toucher de ta peau.
    ----

    Sauve-moi de leurs mains perfides.
    Tu m'as soignée pour me gangrener d'un autre mal
    Je me sens terriblement trouée
    ----

    Et l'angoisse, sauvage despote
    Rate sa cible, et trêve de drapeau noir !
    ----

    Cette main, salvatrice, tendue malgré elle
    Il n'est rien de plus grand que la compagnie subite de deux êtres esseulés
    Et que l'esprit devient grand lui aussi sous ce joug !
    Cet esprit métaphysique, décanté par la passion ; tu apparais comme une évidence, convoqué par ses méandres amoureux
    Tu te dessines à l'angle où je t'ai dessiné
    C'est sans regard l'un pour l'autre que je t'entends
    Ta solitude est tendre et se prolonge dans ma solitude
    Je crois te comprendre parfois car tu te mures dans le même silence que le mien
    Je l'imagine ; tu t'incarnes avec une folle sobriété
    Bientôt je ne t'admire plus, mais sans répit je t'adore
    Et moi qui hais l'ennuyeuse maîtrise et l'ennuyeuse vérité, tes yeux scientifiques observent les miens
    Avec un cynisme tout à fait cartésien
    En dernier recours je projette les fantaisies de mon esprit sur le tien
    Vain, peut-être ; mais laisse-moi t'apercevoir un peu avant de disparaître ; soigne-moi encore de tes traits surhumains ; permets à mon imagination de croire que tu te plais aussi à mimer la sanité, lors que tu t'es déjà égaré dans mille abîmes.
    ----

    Et dans mon esprit une joie immense, une béatitude ! L'Éden est mon morne paysage, puisqu'il m'est donné de côtoyer le divin.

    Et s'il m'était donné de t'embrasser,
    Dieu, pardon ! J'en perdrais mon athéisme, et le souffle coupé
    Tu me verrais dans l'immense félicité de celui qui se fait prophète en rapportant un miracle.


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  • Cet amour est la fourmilière de mon cœur ; il suffit d'y donner un coup pour qu'il frémisse et que j'en sois transie de nouveau.
    ----

    Un regard circulaire

    Et toujours, je me sens étrangère

    ----

    J'ai froid

    Mon corps recroquevillé n'a guère d'habits

    N'a guère de ventre chaud contre lequel se lover ou de bras pour l'envelopper

     

    C'est un corps seul et mal-aimé

    Un corps qui dysfonctionne mais qui s'admire

     

    Car il est là

    Lancinant mais s'élançant toujours en avant

     

    Tu n'as plus d'amour pour moi

    Je ferai sans.

    ----

     

    On est ici comme parmi les sépultures ; tes mots sont aussi morts que mes aïeux.

    ----

     

    Mon doigt gracile sur l'hémisphère de ta peau

    Grains de beauté 

    Épiderme lisse

    Poils 

    Mes lèvres chérissent ton corps mal-aimé

    Ton pectoral rond 

    Ton sourire charmeur

    Ta lèvre mordue

    Ton sexe mou

     

    J'y aurai voyagé, sur ton pauvre corps. J'aurais pu en faire le tour incessamment, si tu ne t'étais pas vivement plaqué contre les draps. Je l'aurais célébré de mon toucher.

     

    Mais tu ne veux pas de moi. 

    Je le sens. 

    Me baiser ne te procure plus aucune sensation ; ce n'est plus qu'un automatisme issu d'un passé révolu.

    Tu jouis comme un spectateur.

    C'est fade. Terriblement fade.

    Ni mon corps, ni le tien, ni la jonction de nos deux corps ne décantent le Beau.

    Je me souviens ; tu m'avais dit, penché sur moi : « Regarde comme c'est Beau. »

    Maintenant tu m'empoignes fermement.

    Mais tu ne dis plus rien.

     

    Les beaux souvenirs ; trêve de Carpe Diem. Ton sourire, ton sourire, ton sourire ! quand a-t-il cessé d'être sincère ?

     

    Tu ne m'aimes pas.

    Ne t'y force pas.

    Tu te retrouveras chez une autre, toi qui te perdis en moi.

    Je me déteste aussi à ne pas pouvoir être aimée de toi. 

    Tant pis, encore une fois.

    ----

    Cher jour trois cent, 

     

    Aujourd'hui, nous célébrons un heureux événement.

    Le testament que j'avais rédigé me semble maintenant bien édulcoré, mais il reflète bien les préoccupations qui sont les miennes aujourd'hui.

    [...] Je me déteste d'avoir aimé ne pas être aimée, et de m'être complu dans la non-réciprocité.

    [...] La peluche m'observe avec des yeux réprobateurs désormais, elle me rend triste et me fait peur. 

     

    J'ai encore ses ongles imprimés dans la peau de mon ventre.

     

    Arrachez-moi le ventre.


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  • La chaleur de ta peau nue qui lentement se colle à la mienne

    Tes mains qui effleurent ma hanche pour chercher mes mains et m'envelopper...

     

    Je t'aime étrangement et j'ai envie de mourir quand je pense que tu ne m'aimes pas.
    ----

    Mes pensées sont folles et bientôt contamineront mon esprit de leur folie. Il n'y a plus grande raison là-dedans ; rien qu'une association d'idées, de sentiments contradictoires, qui pourtant participent tous au même désespoir. 

    Qui pourtant mènent tous à la même fin.
    ----

    Orage tonitruant dans mes viscères trouées par la fureur

    Scribe de l'exécrable

    j'exacerbe les marasmes

    Je décris ces lignes horizontales et mouillées

    Et même la pluie

    Et même le froid

    Et même la nuit

    Et même le noir

    Du temps ou de mon âme

    Sont dans ton esprit affublés des plus risibles accoutrements

    Déniaisée à ta convenance

    Nous nous sommes mariés au dégoût

    La destruction n'a plus rien de tragique

    La destruction n'a plus rien de sublime

     

    La destruction est de trop.
    ----


    Depuis longtemps enfermés
    Condamnés à être testés
    Condamnés à la performance
    Ces lignes qui ne mènent qu'à d'autres lignes mais jamais à la terre promise
    Pour seul compagnie, le cafard, le plancton
    Un regard vers le ciel
    Le ciel existe-t-il ?
    Car ici, le ciel est aussi noir que tout le reste...
    ----

    Parce que pour t'aimer rien ne suffit
    Guère mot
    Nul geste désespéré
    La dévotion : vulgaire et sale ;
    La dévotion n'a d'autre sens que ces déraisonnables mouvements de l'âme, et toute cette bouillie sentimentale tient d'une même vulgarité.
    Même les mots que j'aurais voulu amoureux, gorgés de désir, sonnent complaintes
    Même le plus délicat et le plus symbiotique des moments est éclipsé par
    L'angoissante incertitude
    Il me semble maintenant, et déjà, que rien ne peut plus être comme avant.
    Qu'on ne se laissera plus être fous, qu'il est l'heure de la maîtrise et du bonheur maîtrisé.
    Mais qui suis-je pour te dire ce qu'est l'amour, et comment aimer ?
    Si j'ai propension à la folie, ai-je propension à l'amour ?
    Et ton sourire narquois ne révèle plus cette sensibilité d'antan. Il a le cynisme de la résolution.
    J'ai l'obsession d'être aimée, mais quid de celle d'aimer ?
    J'aime, et je souffre car j'aime, et j'écris car j'aime, mais comme toutes choses,
    La pluie,
    Le froid,
    La nuit,
    Le noir, et la destruction...
    Les écrits eux-mêmes sont vains ; ce sont les mots qui sont de trop, et contaminent leur objet de leur vanité.


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  • Encore dans ma tête charmeuse contine

    Me harcèle me séduit m'intime

    Coupe de toi-même cette tendre chair

    Les autres ne savent pas assez bien le faire...

     

    Ce sang qui alimente doucement mes artères 

    Aspire à jaillir saturer l'air maculer la terre

    Dans cette extatique débauche sanguinaire 

    Ton dédain est ma dernière bénédiction.

     

    Cette expression divine sur ton beau visage

    Ton regard horrifié sur mon corps ouvert

    Déjà l'ont condamné au despote Oblivion

    Défiguré cher amour tu n'es plus que rage

     

    Mes plus bas instincts remués je m'enquis de tes lèvres 

    Cette odeur rouge, ce mouvement mièvre 

    Te révèlent cette envie de me déchirer 

    Tes mains ne caressent plus ce sont des lames

     

    Fin rictus je jouis de ton blâme 

    De l'orgueil qui se refuse à voir incisée

    Ma peau du fait d'un autre tranchant

    Tu souris mes cris quel mélodieux chant

     

    Brûle-moi brûle-moi brûle-moi

     

    Dans ma poitrine cette viscérale douleur me fait suffoquer bien davantage que tes doigts pressés autour de mon cou

    Devenue langoureuse je m'offre toute à ton courroux

     

    Lacère-moi

    Déchiquete-moi

    Éventre-moi 

     

    Donne-moi toute ta haine sucrée.

     


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  • Tu es parti devant.

    Bien trop devant.

    Un jour, nous te rejoindrons.
    ---- 

    Il est deux heures vingt.
    Je n'ai pas écrit depuis longtemps. Les jours défilent à une vitesse effrénée, et cela m'effraie.
    Les corps se dandinent et se cherchent, se dédaignent et s'aiment. Je ne sais quoi penser de ces corps-là. Ils ne pensent qu'à s'unir, ce qui les éloigne considérablement : il faut penser à bien d'autres choses pour s'unir. Ce sexe-là n'est qu'une illusion d'union, un effleurement éphémère qui ne crée aucun lien...
    Je ne sais comment cesser d'imaginer le pire. Je me vois comme un hamster dans sa roue, la roue de l'amour et de l'harmonie. Aveuglé par sa propre course, il ne sait plus regarder aux alentours. Il a peur et sa peur l'empêche de se détourner.
    Des échappatoires, il y en a, mais il ne sait plus en chercher.
    ---- 

    Dans ma poitrine se niche un pressentiment alarmant, le pressentiment de quelque chose d'authentiquement malsain et exécrable. J'ignore quel ressenti écouter ; j'en sens un m'étouffer conjointement à ses mains, autour de ma gorge, ils me murmurent :
    « Il ne fallait pas te lancer là-dedans. Maintenant, le demi-tour n'est plus possible. »
    Il se targue de philanthropie mais tait ma détresse.
    ---- 

    Je me souviens de tes nombreux baisers avec mélancolie
    Ta fougue sans amour, j'ai dû l'oublier
    Tes mains sur mes fesses, dûment remplacées
    ---- 

    Sourires contre sourires contre sourires
    En contemplant le tien il me semble qu'il n'en existe guère d'aussi beau
    Ton regard sensible voit rouge et dépose son châtiment sur ma peau
    Et le mélange confus des sensations vient perturber le flot de ma douceur
    [...]
    C'est lointain et pourtant, l'alcoolémie réveille ces instincts
    Je n'y peux rien, en vain tu m'attires, toi aussi
    La réminiscence de cette tendresse sans amour vient envahir mes pensées
    Tes yeux charmeurs qui se regardent au fond des miens, mais charment, tout de même
    Bientôt je m'enquéris de tes lèvres passionnément
    La langueur de tes baisers devient mon abîme
    J'y plonge gaiement
    Tes mains dévalent mon corps avec une agilité surhumaine, me transforment en un râle de plaisir difforme
    Je n'ai plus souvenir de rien si ce n'est que je t'aime follement
    ----

    Deux mille dix-neuf. Pourtant, je n'ai pas l'impression d'avoir dix-neuf ans. Ces deux jours de non-existence reflètent en moi ces deux ans de non-existence.
    Deux mille quinze et deux mille dix-sept.
    Et je me sens encore si jeune. Je n'ai que dix-neuf ans et j'ai déjà passé deux ans à ne pas exister.
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    Oblivion.
    Cet abysse qui s'est empris de ton sourire depuis bientôt deux ans. 
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    Le vice est en nous tous. 
    Il coule dans nos veines, personne n'y échappe... Et sûrement pas toi.
    ----

    Pourquoi insistes-tu tant pour que je sois tienne, puisque tu ne veux pas me garder à tes côtés ?
    ----

    J'ai créé mon propre supplice. Il se tient ici, condamné à voir échouer là où, probablement, il aurait pu exceller, continuellement, et à aimer encore et encore à cette vue horrifique...
    ----

    Ici tu liras les dernières lignes, la dernière vaine tentative de me faire comprendre. Ces lignes font acte de testament de notre relation ; par là, je ne te demande que de me lire. Tu pourras me dire que moi non plus, je ne suis pas très optimiste. J'aurais aimé qu'elles n'existent pas. Je te répondrais d'une manière non moins rassurante que je n'ai fait qu'écouter une des voix dans ma tête, la plume du poète, celle que Nen manie dans sa dimension hors de la Terre, de la Géhenne et de l'Eden. Celle qui n'a que faire des attaches, qui se soucie des sentiments tout en sachant en ignorer certains, car elle déteste les contentions bienséantes. Des réflexions, j'en ai réprimé, pour ton bien. Peut-être que moi aussi je ne peux pas être moi-même avec toi, car cet amour doucereux est là qui me caresse doucement la paume pour apaiser instantanément la rage. J'ai l'amour des phrases, pourtant, je renvoie la plupart d'entre elles d'où elles viennent. Je renvoie l'orgueil, je renvoie le cartésianisme, je renvoie même la justice, je laisse disposer la patience et le tact, ces entités qui ne me ressemblent pas, mais que tu presses dans mon âme. Je n'ai pas le choix - peut-être commence-t-on les reproches ? Il est trop tôt pour t'en conter de nouveaux, nous sommes de dangereux équilibristes -, malgré mes émotions, il en est que je ne dois pas te révéler ; je le sais pertinemment, ce serait la fin avant même l'arrivée du dessert - et le dessert n'est-il pas ce qu'on se languit de manger, même le ventre déjà trop plein ? -.
    Le temps presse, et j'ai envie de le fuir pour me terrer à tout jamais dans les spirales de mes draps. J'aimerais que tu y sois. J'aimerais oublier tout le reste. Et tu pourras te souvenir par ces mots du temps où on pouvait encore se désirer et s'aimer comme on désire et on aime ce qui est encore bon pour nous.
    Pardonne-moi, une fois de plus, je vais susciter ton incompréhension par ce je-ne-sais-quoi que je n'oserais appeler altruisme, car il est peut-être bien tout autre chose...

    Je ne te souhaite que le meilleur, et je sais que je ne regretterai pas ces mots, peu importe ce que tu pourras me dire ou faire. L'amour, ce pincement dans ma poitrine quand je t'embrasse et qu'en rouvrant les yeux, tu me regardes avec douceur ; l'amour, qui prévaut sur toutes les revendications ; l'amour, qui berce mon masochisme et me persuade de suspendre toute activité pour me consacrer à la rédaction d'un funeste texte... Cet amour-là a quelque chose d'intemporel. Peut-être arrive-t-on à ce que tu ne comprends pas. Cet amour-là est à mon image : téméraire ; et je me surprendrai encore à pleurer et écrire tard le soir en l'honneur d'une personne que tous mes mots auront souillée, simplement parce qu'un jour, je l'aurai aimée.
    Le temps me fait terriblement peur, davantage même que la mort vers laquelle il me précipite. Sans cet amour, le dernier souvenir qu'il me resterait de toi, celui qui éclipserait tous les autres, serait celui d'un être médiocre dont le seul mérite aura été de se laisser rapidement absorber par le temps qui passe pour peu à peu dévorer toutes les âmes, grand ami de la faucheuse... Ce serait déjà mieux que rien, mieux que le vide presque immédiat de ta mémoire dans lequel je serai inéluctablement, tôt ou tard, jetée.

    Merci d'avoir fait partie de ma vie, mon amant éphémère... Jouis de tes nuits retrouvées.


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  • Complaisant désespoir on s'y love comme au creux de la paume familière
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    L'albatros aux dents aiguisées avait une drôle de tête qui l'intriguait lui-même lorsqu'il en croisait le reflet. Il y avait une certaine inadéquation entre ses grands yeux bruns, ses grandes ailes d'une maladresse attendrissante et ses grands sourires carnassiers. Ce n'est pas qu'il avait toujours l'ambition d'être prédateur lorsqu'il souriait, mais ses dents pointues, inadaptées à sa fine mâchoire, transformaient la plupart de ses mimiques en grimaces. Il se sentait triste comme l'enfant qui ne se reconnaît plus sous ses traits d'adulte. Il n'y pouvait rien. Il avait besoin de se protéger des harpons, des fusils, des sales pattes des humains. Il avait prouvé sa force naturelle, mais il avait perdu son visage rouge et délicat, inspirant bienveillance, douceur et déférence.
    Désormais, il arborait un rictus satisfait. Il avait dévoré des cous et s'était fait figure d'admiration. Il avait rongé des mains et des doigts qui lui caressaient le plumage de trop près. Ses yeux lançaient des flammes avec malice et gentillesse.

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    Protéger ce doux visage et ce rictus heureux
    Le plaisir qui le meut et ses murmures indistincts
    Ce râle sensuel qui me donne envie de le dévorer
    Ces yeux mi-clos qui me découvrent autrement

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    Ce frisson glaçant conjugué à un rire crapuleux sur ma gauche
    Ce souffle, ces gestes, cet être tout entier est l’incarnation de l’exécrable et décante ce que j’ai d’exécrable.
    Avec son cou, il secoue doucement le drapeau noir de l’Angoisse planté dans son crâne.
    Il a un rictus étrange et, comme il s’agite, des gouttelettes de sang sont propulsées de part et d’autre et sur mon visage.
    Leur poids soupèse et le dévale
    Je rouvre mes yeux endormis, je vois rouge
    Le goût acre de sa matière est dans ma bouche une nuée de punaises
    Mes mains creuses recueillent, argenterie d’eau de vie et de mort, les semences s’y mêlent et ne fécondent rien d’autre que l’éternel
    Dégoût. Et mon inadéquation viscérale, colle, visqueuse sur ma peau
    Je l’avais poncée, pourtant. 

    ---- 

    Je suis là, toujours debout et tête haute, sur l'échafaud.
    C'est moi qui l'ai choisie, une mort en martyr plutôt qu'une gloire facile.
    Il n'y a plus rien qui me retienne ici après tout. Je voulais rester pour la chose. Pour l'encourager, et lui montrer qui je suis.
    Maintenant il n'y a plus d'estime, plus d'amour, plus rien que de l'aversion ; et la déception, aussi.
    Et ce rire et cette excitation dans mon cœur s'éclipsent, je les vois tels qu'ils furent, des illusions naïves, terriblement fragiles, fugaces et factices.

    Ces roches que je prenais pour de l'or, une friction dans ma main et ce n'est plus qu'un gravier qui glisse entre mes doigts.

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    Corps beaux et inutiles
    Figures de contemplation auxquelles on interdit le plaisir charnel
    Tout ce monde est là et incomplet
    Ils se touchent pour se sentir vivre
    Se plongent dans les fonds ensanglantés
    J'ai compris qu'on me donnerait tout
    Mais je ne veux rien

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    Ce désarroi immobile qui s'empare de moi,
    Glace raison et émois
    Je revois ta main dans la mienne qui se désagrège
    Et se plaque au plafond à l'instar d'une projection astrale
    Mon regard d'enfant y perçoit une douce nostalgie,
    Père et Mère qui sourient en collant gentiment des étoiles adhésives phosphorescentes
    Pour éclairer mes cauchemars d'une lumière matérielle...
    Mais bientôt, les projections astrales frétillent
    Elles se refusent à la beauté du geste
    Et fustigé, fustigé par les voix de mon esprit
    Une bile noire finit par te dégouliner des lèvres
    Ces lèvres que j'ai tant rêvées et embrassées
    Et sur mes mains une suie étrange
    Et sur mes lèvres un pétrole visqueux
    Et sur mes seins l'empreinte ignoble de tes doigts
    Ah, sale, Ô combien sales !
    Succube difforme qui se donne en spectacle et se refuse en coulisses
    Son toucher langoureux a tout fait jaillir
    J'ai protégé mes yeux dans un élan désespéré
    Tout était noir, et pauvre bête que l'albatros aux dents aiguisées
    dont les ailes et les pattes sont enlisées
    - Pourtant si grandes, géant des mers, tu aurais pu voler ! -
    dans ce mazout de luxure qui fit ma félicité
    J'ai pu te regarder, alors
    Éclaté, j'ai ri de douleur, ce rat mort !
    Je t'ai souhaité le pire en étreignant ton corps
    C'est étrange, mon amant,
    Combien dans ce mazout, dans ces excréments
    Même vide, tu sembles dans ton élément.

    ---- 

    On les voit si bien ici. C'est un des seuls aspects positifs de cet endroit.
    Je me souviens cette nuit-là, à l'aube de ta laideur...
    Je me souviens de ton naturel et de ton rire que je n'arrive plus à trouver mélodieux, maintenant. Je me souviens que tu me rendais très heureuse avant que je décide de partir.

    ---- 

    J'ai toujours pensé que mon parcours me prédestinait à la misère.
    Mais je sens, je suis sujet d'expérience, enfin, je vis, et il semblerait qu'aujourd'hui, ce soit suffisant.

    ---- 

    Ongles comme des griffes
    jouent avec ta peau
    tapissent ton sourire sensible d'une morsure sucrée
    Il n'y a pas de douceur dans l'innocente gentillesse.
    L'acerbe et l'acidulé,
    nul mœurs, guère pleurs,
    la figure fière au désir dissimulé,
    Voilà ce qui me sied.

    ---- 

    Il fait froid. Je suis mise au devant l'arbitraire du cocorico du coq, qui devient croassement désespéré et maladroit.
    Mon corps transi se hasarde au milieu des arbres flétris.

    ---- 

    J'entretiens mes démons jusqu'à les apprivoiser et ils deviennent mes compagnons de route, des pythies sans qui l'écriture serait impossible.
    Être hantée c'est écrire, et écrire c'est vivre dans cette grâce que je chéris : avec l'intensité du contraste.

    ----

    Courir.
    Courir pour disparaître.
    Courir pour s'enfuir.
    Courir pour l'oubli
    et chasser le désespoir comme on fend l'air
    Cet élan d'énergie pur cultive mon innocence avilie
    Cette corporéité dédaignée au nom de l'intellect
    Je m'en nourris, je m'en délecte
    Par la chair, mon esprit est poussé
    à sa quintessence.


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  • Jadis semées par la poétesse
    Les semences de cette jeunesse
    Contre le terreau furent piétinées
    Allées et venues, capharnaüm damné

    Les fleurs avortées, muet souvenir
    Épanchent leur parfum de repentir
    Comme la punaise écrasée sa pestilence
    Dans l'espace clos, une odeur rance

    Celle des cœurs impurs et des sexes durs
    Une enfant, perdue dans la luxure
    Laissée là si lasse de ces jouets
    Par la serrure, entrevoit à regret

    L'innocence d'un baiser fraternel
    L'aile sensible de la coccinelle
    Elle voulait un bonbon ou un sort
    On lui répondit la baise ou la mort


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