• Ebauche vuglarisée

    Bonjour !

    Après beaucoup d'inactivité, je me repointe pour poster un texte un peu particulier. Je l'ai fait il y a plus d'un mois.

    Ebauche vuglarisée

    Nous entrâmes dans cette pièce, mille marasmes et moi. Il y avait toujours ce fabuleux lustre à l'allure onéreuse, terne, morne de poussière accumulée. Le clair de lune se reflétait dans les spirales des cristaux de baccarat. Chacun d'eux avait été travaillé avec une minutie fervente et fascinante.
    Un objet d'une pareille aristocratie n'avait pas sa place dans un local si miteux, sans électricité. Jamais plus il ne pourrait être ravi de faramineuses teintes irisées. Des traces de lutte zébraient la peinture blanche. Ses suspensions perforaient solidement le plafond, accrochées à ce bloc blanchâtre tel un arbre quadricentenaire à ses racines.

    Que dire de ce lit de premier prix, rongé par les mites, de ces meubles de récupération calcinés, des insectes qui lézardaient les murs, bourdonnaient, ou encore des sanitaires défectueux dont émane une odeur pestilentielle. Pourtant, ce n'est pas tant l'insalubrité des lieux qui m'annihilait tant, mais leur abominable solitude. Peu à peu, le château où logeaient les volontaires au service militaire, mes amis, ma famille, s'était vidé, m'avait esseulée, désespérée, tuée.
    Ben, du haut de ses quatorze ans et de ses mimiques attendrissantes, était restée aimantée à la boue charmeuse, deux traînées de sang à la place des jambes, deux traînées de larmes à la place du sourire. Gabriel, ce cruel et malheureux loup solitaire, s'était éteint dans une quiétude surprenante, d'une balle anesthésiante dans le coeur. Chris et Ether ne trouveraient jamais la paix, union maudite et vouée au suicide. Même la sévérité abusive et la cruauté de l'officier Venelli me manquaient. Ah, pléthore de morts dans ma conscience ténébreuse !
    Et Drug, où était Drug, dans tout cela ?
    Disparu, avec l'espoir d'une relation amoureuse. Désormais, ses cheveux blonds, ses yeux pourpres, ce corps mince et le mystère inhérent à sa personne me paraissaient voués à ne plus demeurer. Une évidence : Drug était un papillon éphémère. Il avait déployé ses ailes oniriques, et s'était évaporé aussi vite qu'il fut.  Cela s'était produit à l'aurore. Je sentis des lèvres se poser innocemment sur ma joue droite, une main glisser lestement sur mon cou, des pas légers et gracieux ; la fatigue ne m'éveilla pas, et je n'en pris conscience qu'au petit matin.
    Le papillon stoïque prit son envol, emportant avec lui mes plus beaux sentiments.

    Je rêvais que ce lustre cède enfin et s'abatte sur moi, perforant ma chair d'épines salvatrices.
    Tant d'affres s'agglutinaient à ma peau en un myriade de stigmates. J'étais un Stigmate. J'étais malheureuse.
    Je ne savais plus que me tordre de douleur, sangloter, crier, vomir, halluciner, me fondre dans le silence funeste. J'étais une ombre animée de soubresauts de panique dans un château gris et sombre, autrefois chatoyant de couleurs. Chaque paupière close d'un sommeil naïf et traître se rouvrait sans cauchemarder ; un simple cauchemar ne peut être égal à l'Enfer.
    Subitement, un bruit. Le vieux plancher de bois craque. Une, deux, trois, quatre, cinq fois, sempiternellement. Comme des pas, des pas d'êtres vivants, d'animal, d'humain, de monstres. Je me fige. Ma gorge se noue jusqu'à s'obstruer, je menace de suffoquer bruyamment. Ma poitrine se soulève lentement, trop lentement.
    Quelqu'un. N'importe qui. Par pitié. Mon assassin ou mon sauveur.
    J'écarquille les yeux. Je peine à ne pas gémir, proie à tant d'émotions, à de longues trombes de pleurs. Mon cœur manque de perforer ma poitrine à chaque pulsation -pourquoi a-t-il attendu si
    longtemps pour se dépiauter ? Je plante mes ongles rongés jusqu'à la fine membrane inférieure dans la literie.
    Après de longues pseudo-minutes, au semblant d'heures, un corps long et harmonieux se devine dans l'encadrement de la porte. Je me recroqueville. Je m'aplatis. Tout me semble irréel. Je n'entends plus aucun son.
    Un film se déroule sous mes yeux, je suis dans mon siège, je suis un spectateur.
    Un visage que je connais est éclairé par le clair de lune. Un visage où le bonheur et le malheur se battent. Des mèches ébène, hirsutes, fusent de part et d'autres, désorganisées, couvrent de fins yeux à l'iris gris, dur, métallisé, courageux, une jolie bouche mise en valeur par l'absence de joues, et un nez droit à la naissance, en trompette à l'aboutissement. Du sang menace de maculer ses vêtements ; il l'essuie prestement. Son souffle est saccadé, tandis que je m'asphyxie. Sa chemise déchirée dévoile un torse où se confrontent le noir, l'écarlate, et le beige.
    Je me tasse contre le mur, apeurée, choquée.
    Il leva la tête au ciel. Il sanglote, rit, parfois, ou arbore un sourire exagéré et incrédule.
    Ses épaules se décontractaient peu à peu. Un désespoir glouton, vorace, le désespoir du Monde entier, avait pesé sur lui. Ma vie n'était plus rien, ma vie n’était rien comparé à tout ça, pourtant... Il semblait enfin en être délesté.
    Il me serra vigoureusement dans ses bras, au point de me faire mal. J'enfouis mon visage dans son cou, en déglutissant péniblement. Désormais, mes ongles s'agrafaient à sa peau comme des serres. Je m'appuyais à lui, pour ne plus supporter ce vide seule.
    Cette étreinte chaleureuse me fit prendre conscience de sa présence électrisante, laquelle pigmentait ma peau habituellement sans chaleur de chair de poule. Malgré la transpiration, son odeur semblait effluves, de sapin, les mêmes que celles des rares hivers glacés : fraîche et quiète, légère, chavirant vers des lieux autres, merveilleux.
    Il s'appelait Xas. Il venait de traverser des kilomètres, guetté par la mort.
    Chaque seconde durant laquelle cette enlaçade se prolongeait était davantage soulageante.
    « Emmène-moi à un bel endroit », murmurai-je d'un ton faible, cassant et tout juste perceptible.
    Je sentis deux infimes sourires s’esquisser. 
    « J'ai le pouvoir de te faire remonter la pente » , affirma-t-il, si proche, que son haleine fétide m’agressa. Mais nous n'avions que faire de la négligence physique de nos corps.
    Il plongea son regard dans le mien. Le gris froid était maintenant chaleureux. Il s’y reflétait l’ambre de mes iris. L’ambre n’était plus terne ; elle vibrait, vibrait, vibrait, de pléthore d’émotions. La passion sous sa forme la plus éthérée, légère, renaissante.
    « Aujourd’hui, je t’emmène au pays des songes », susurra-t-il en m’enlaçant. 
    Et ses dires se transformèrent en faits.

    _______________________________________

    Ebauche vuglarisée

    Si vous ne l'avez pas lu, honnêtement, je ne pense pas que vous ayez perdu grand-chose. Je ne suis pas fière de ce texte, car il n'est pas écrit dans les circonstances habituelles.
    En effet, je l'ai fait pour un concours de nanas dépressives et simplistes à souhait. J'ai nommé, FBW (Facebook writers)
    J'ai ici amputé les parties concernées, mais le thème était le désir amoureux. La plupart des textes des candidats étaient sur la baise, donc bon... Je n'étais déjà pas amoureuse lorsque je l'ai écrit, alors me lustrer la moule en l'écrivant, sans façons. J'ai trouvé ça vraiment arbitraire, comme thème, d'autant plus que le thème de la deuxième manche portait... SUR LE MÊME THÈME. EXACTEMENT LE MÊME THÈME.
    Du coup je n'ai pas poursuivi ce concours, surtout que l’organisation était pitoyable, et les autres candidats, très médiocres. De toute façon il a fini par être annulé.

    Quoi qu'il en soit, je n'aurais pas laissé le mauvais goût inhérent à ces personnes gangrener davantage mes écrits.
    En effet, le début du texte a été écrit avec le cœur, mais ce n'est plus vraiment ça pour la fin.  L'illustration que j'ai choisie pour ce texte ne représente rien de précis, elle est vague, et cela représente plus ou moins la dégradation qu'il a subi : je ne suis pas capable de lui donner d'illustration précise, de le représenter.
     


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