• En direct depuis ma salle de classe. A ce moment-là je ne te connaissais pas : c'est-à-dire tout allait bien. Ce n'est pas intéressant.

         Renard drogué. Louve droguée. Crocodile, drogué. Lémurien, avec ses yeux globuleux, pupilles arrondies par le LSD. Parmi ce beau monde, le Labrador est le pire de tous.
          Tous ces animaux sont ailleurs. Plus précisément, dans les toilettes ou dans la cuisine. Ils dégainent leurs cartes et penchent leur nez sur des assiettes avec de petits morceaux de papiers pour longues-vues. Il leur faut observer, nettement observer la poudre avec leurs narines. On les entend se moucher au loin, longtemps... Sniiiiiiiiffffff... Sniiiiiiiiffffff....... Dans le silence de la nuit ils sont tout seuls et tout tristes.
        « La drogue, c'est dans mon ADN ! » s'exclame le Renard. Tous, ils tentent de survivre. Ils m'abandonnent. M'ont pris sur un coup de tête ; comme la drogue... Et bientôt je ne suis plus là... Mais elle, la drogue, demeurera auprès d'eux.

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         Extasiée le samedi, exaltée le dimanche

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         Tragique destin que celui de la personne qui, en même temps qu'elle est forcée d'entendre, non sans une tension, qu'il lui faut rendre un travail collectif, n'ose pas balayer la salle du regard. Elle le sait ; elle sait qu'elle est seule, et qu'elle ne peut que jeter des regards misérables à l'assemblée, regards de personne seule qui n'est pas censée l'être, et qui par-là se trouve dégradée au bas de l'échelle sociale. Elle a un sens de l'honneur, alors elle diffère cette sournoise et familière humiliation - souvenir du collège ! -, ce moment qui fera d'elle une femme publique, sans valeur aucune, à la faveur de la prosaïque question : « Quelqu'un veut se mettre avec moi ? »
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         Crazy how sex can be so rich and so poor at the same time. Rich as it conveys so many possibilities, imagination being the only limit. In this fantasmagoria, everything is perfectly at its place, fluidly, reaching its goal: arousal. However, it can also be poor, facing the limits of reality and the boredom that comes along. Awkward, helpless, as if no intercourse in the world could be exciting anymore.
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         Parfois, pour un rien, je me tords... Petit mouvement, quasiment imperceptible pour le commun des mortels, signifiant le rejet ; sentiment que je ne supporte pas, même en proportions infimes.
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         Il y a cette aura qu'on ne trouve pas dans les sciences sociales, en cours de littérature... Je m'assoie, et je fais de l'espace des lettres un espace propre ; je me l'approprie et y déploie ma singularité, soudain je ne suis plus à la merci d'un débit frénétique.
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         Quand le Babouin me parle le lundi - il est tôt, trop tôt - ses yeux plongent dans les miens, son haleine dans mes naseaux.
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         Visage serré, cripsé, dans une expression austère, très proche de la douleur - à une bouche ouverte, un gémissement près ; ce visage-là je n'aurais pas dû le voir.
         J'ai volé cette expression à la dérobée, alors qu'elle se croyait à l'abri des regards, car excentrée.
         Je ne l'avais encore jamais vue arborer un air aussi cryptique ; au centre de la classe, elle brandit les sourires les plus enthousiastes, les yeux grands ouvertes, écarquillés, même.
         Alors je me suis dit : c'est ainsi que l'on connaît le mieux quelqu'un, en l'observant dans d'infimes et cruciaux moments de vulnérabilité, ceux qui n'admettent aucune mise en scène sociale préalable... Ce moment où émerge une intériorité voilée par les obligations sociales.
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         Rien à dire ; comme Meursault.
         « Ça va ? » , et finalement, ce qui me paraît le plus intime, c'est mon bonheur.
         Aimer me rend vulnérable, me plonge dans une innocence à laquelle je ne pensais pas avoir le droit.

    [Non, tout compte fait tu n'y as pas le droit.]

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       Vanité qui me rapporte à toi, par la distance la plus artificielle et futile... Nous ne sommes rien d'autre, les humains, êtres raisonnables ayant besoin d'évènements absurdes pour se souvenir qu'ils s'aiment.
         Le temps passe lentement, me coule sur la tête, en fait une mélasse. Je prends le pli, et alors à mon tour, je m'étends, je passe et je souffre, tout... tout doucement...
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       Je déteste perdre le contrôle de mes journées. Et c'est parfois ce qu'implique de coupler la solitude au voyage.
      Errance : je me demande pourquoi j'ai voulu me trouver là, en premier lieu ; je me réprimande de n'avoir pas préféré le confort du foyer.
      Sentiment d'étrangeté, de l'espace, mais surtout, de moi-même.
      En somme, je n'appartiens à rien, j'ai arraché mes racines pour dériver dans le vide. J'ai mobilisé des efforts conséquents pour me trouver ici, mais cet endroit ne veut pas de moi. Inévitablement, je me sens humiliée.
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      Ce déchirement qui se produit en moi à l'orée de mon wokisme... Cette résistance opiniâtre qui me supplie de ne pas franchir l'étape supérieure, au nom de la sacro-sainte tradition, celle qui m'est propre et à laquelle je m'adonne depuis mon plus jeune âge, de dire
      Nique ta mère, fils de pute, enculé, connard, pétasse, taré, je m'en bats les couilles...
     M'interdire ces termes revient, rétrospectivement, à donner raison à Papa qui me tannait à chaque fois que je les employais. C'est la répression de la provocation originelle et fondatrice de l'enfant contre ses parents : négation de soi, en somme.
     Je crois donc que, pour l'amour de moi-même et au détriment de nos usages, je continuerai d'accorder à mon langage la tranquillité d'un nique ta mère...
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    Mon cerveau en pourriture
    Flétrit tranquillement dans ma boîte crânienne
    Ce n'est plus de l'intelligence, c'est du caoutchouc


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