• Karma City : texte d'introduction à un Role Play

    Je n'oublie pas  mon cher blog ! C'est un soupçon de flemmardise, mais surtout un manque de temps, mais les idées sont là et des articles sont en préparation.
    En attendant voici le texte d'introduction à un Role Play que je fais avec une amie !  J'ai laissé la numérotation pour apporter en précision - c'est essentiel dans le cadre d'un role play - , libre à vous de vous en servir !

    Je vous laisse le lien du google doc, c'est plus agréable à la lecture : https://docs.google.com/document/d/1kh3smCphxf9k9QLYKqJCpORv_NdUTBiBj2BoXAkC9Z8/edit?usp=sharing

    Je laisse ici la musique qui m'a inspiré Karma, "Karma City" de Kenshi Yonezu, de son album Yankee (que je trouve génial) ♥

     


     

    Karma City : texte d'introduction à un Role Play

    (Work In Progress. Fait avec ma tablette medium intuos pro. Drug Utzich sur un échafaudage de la partie haute de Karma)

    Le zénith du soleil inondait la cité. Son legs traversait la baie vitrée, que des volets rouillés et ébréchés tentaient d'obstruer.

    Utzich de son prénom Drug, plus par prévention que par paranoïa, avait choisi d'adopter le sommeil polyphasique¹. Lors même que le courroux du soleil chatouillait furieusement sa rétine à travers son chapeau de paille, ses ronflements ne baissaient pas d'intensité. Sa colocataire et amie Hehet Médjès  jouissait davantage de sa surdité en constatant la grossièreté de ses traits lorsqu’il entrait dans sa phase de sommeil paradoxal.

    Ses récentes activités, malgré sa discrétion vétilleuse - il allait jusqu'à recouvrir ses singuliers yeux violines de lentilles brunes -, lui valaient d'être recherché d'arrache-pied à travers les hauteurs de Karma par cette même élite militaire dont il était le tireur. Il avait été amusé à plusieurs reprises de partir à sa propre recherche ; il le fut moins quand ses missions consistèrent à démanteler ce à quoi il s’était démené plus tôt.

    Quoiqu’inaliénable pécheur de la paresse, Drug avait fini par se lasser d’être le servum pecus de l’adjointe au seigneur régional et générale Onwa Moonrise, attitrée Ahmès, littéralement « née de la Lune ». Ahmès s’était finalement avilie dans la corruption, mettant ses dons de Modérateur² au service de l’ordre défectueux de Karma : cet ordre qui régnait par l’inique commerce d’énergie spirituelle³, lequel laissait libre cours aux pires dérives possibles et imaginables. Les animaux et les enfants étaient devenus des mets très prisés du commerce illégal d’énergie spirituelle  - et combien de fois des acheteurs compulsifs avaient dû disparaître⁴ jusqu’à ce que leurs achats ne leur provoque plus aucune satisfaction…

    Drug, féru de diverses cultures, étudia scrupuleusement la sociologie : « Cette société est victime d’une pathologie, son taux de déviance est au-dessus de la norme du pays ! pouvait-on l’entendre clamer, l’index tendu, lors de ses élans ʺd’intellectuel égocentriqueʺ, ainsi qu’il les appelait, Même moi je suis déviant, pour te dire… » soupirait-il ensuite en arborant son éternel rictus et en haussant les épaules.

    Drug ne s’était jamais complus dans ce qui était droit, formel, nettement défini ; il y préférait le caractère abscons, erratique et irrationnel des choses. Ainsi revêtait-il le jour son caftan⁵ cobalt⁶ à l’héraldique⁷ effigie de Karma : le phénix argenté, cerclé de roses bleues, aux confins spiraliformes vertes et noires ; le soir, il optait pour une capuche, un saugrenue instrument qui lui faisait tant office de grappins que de lames, et des bottes à crampons – son faible pour le style steampunk l’avait poussé à designer tout spécialement une tenue,  ce qui ne manqua pas d’alimenter les commérages des journalistes, bien qu’elle ne fut qu’entrevue lors de ses activités diurnes.

    *

    Le jeune homme mit fin à sa sieste avec une précision d’horloger. Il prélassa ses doigts dans sa blonde chevelure mi-longue : hirsute, elle lui conférait un air léonin, qu’il s’ôta de suite en la brossant avec vigueur. Il enfila ensuite son caftan et noua ses cheveux en chignon.

    Dans la pièce commune, Hehet était déjà attelée à son métier de couturière de luxe : il n’y avait qu’elle – et lui dans son sommeil polyphasique - pour supporter le charivari de sa machine à coudre.  En effet, la jeune femme souffrait d’une très mauvaise audition et de mutisme. Comble de l’infortune, des voyous lui avaient dérobé son appareil auditif à son arrivée à Karma, ce qui la mettait dans l’incapacité de jouer du violon. Drug lui avait promis que, grâce à ses activités nocturnes, il pourrait lui racheter un appareil auditif et l’entendre de nouveau jouer du violon. Aussi était-elle l’unique personne au courant de sa double identité, et celle qui avait rendu son projet de tenue réel.

    Drug n’apercevait que ses dreads rousses et ses atébas derrière l’imposant mécanisme, ce qui n’empêcha pas la demoiselle de détecter sa présence. Elle releva la tête pour le gratifier d’un sourire. Au début, ses yeux fins - légèrement cachés par sa frange rousse – et son nez aquilin lui étaient apparus quelque peu disgracieux, mais, tout compte fait, il trouvait son visage très expressif, ce qui l’inspirait et l’émouvait.

    Quant à Hehet, elle trouvait le regard de Drug déconcertant : si ses traits - et notamment ceux de ses yeux  - étaient doux, d’une candeur de cervidé, il n’y changeait rien au fait qu’il mettait avec aisance les autres à nu, et que, si sa physiologie lui avait permis de rougir, il l’aurait surprise écarlate à de nombreuses reprises. Elle le garantissait : elle n’était pas la seule à pouvoir attester de ce phénomène d’intimidation.

    Drug plaça le croissant que Hehet avait préparé pour lui entre ses dents et lui fit un clin d’œil impudique accompagné d’un signe de la main avant de mettre le pied dehors, tel un chapardeur félin.

    Une bourrasque l’accueillit, agita sa toge, et, comme il aimait le risque, il se posta sur l’échafaudage qui bordait sa terrasse. D’ici, Drug avait une vue panoramique de Karma : la cité était construite de haut en bas, ce qui permettait aux habitants du Haut de dédaigner les habitants du Bas, aux revenus plus modestes. Les habitations du Bas étaient amoncelées, sommaires, parfois rudimentaires, et tassées : ce groupement avait tout d’une fourmilière. Identiques en tous points, seule leur forme variait. Il ne se détachait de ce paysage couleur pétrole que les cadres institutionnels : les écoles, les églises, la caserne de la milice, le tribunal, le musée karmatique, et surtout, l’Elysée karmatique ; les grands cadres économiques également, avec les commerces, les entreprises, les banques spirituelles et les assurances. Polychromes, ces édifices surprenaient tant par leur architecture fignolée que par leurs variantes de couleurs : tantôt par leur cubisme, tantôt par leur étendue, tantôt par leur vitraux ; parfois implantés au sein même de la roche ou en contraste total avec la petitesse des habitats qui les bordaient.  L’exaltation de l’Etat n’était pour le moins pas retenue.

    En outre, des tuyaux parasitaient, sans exception, chacun des bâtiments qui se dressaient sous les pieds de Drug : il s’agissait des câbles d’alimentation d’énergie spirituelle ;  pour Drug, c’étaient plutôt son moyen de locomotion lorsqu’il régissait la nuit, avec son curieux instrument à grappins – il saliva à cette vue. Les scanners cinétiques avéraient un tel écart de bonheur brut entre le Haut et le Bas que l’ensemble de la populace dans la vie active bénéficia d’une supplémentation pour subsister.  La signification de ces tuyaux prenait, selon le contexte, une toute autre explication : ici,  c’était plutôt synonyme d’opulence ; pour les pôles économiques, il était question du système informatisé ; en Bas, c’était plutôt histoire de survivre quelques temps... Ses yeux violines pouvaient certifier le phénomène⁸ : les spectres grouillaient au loin, tandis qu’ils se faisaient plus rares dans les alentours. En effet, ils affluaient autour de l’épicentre de la fosse commune : il était question de la tristement célèbre Gangrène karmatique¹⁰. La fosse commune, interdite au public, était le théâtre de réincarnations spectrales¹¹ massives. Les quartiers qui la jonchaient, des bidonvilles, étaient infestés tant de maladies mentales que de maladies physiques – il était défendu chez les habitants du Bas - et encore plus chez ceux du Haut - de s’y aventurer. Cette situation formait un cercle vicieux qui préoccupait fortement Drug pour ses confrères démunis : il y naquit la contrebande spirituelle, qui s’était transmise, à l’instar d’une Gangrène, dans l’intégralité de Karma.

    Sur cette désolante constatation, Drug entreprit de sauter dans le vacuum¹². Il suspendit in extremis son mouvement : le soleil lui rappela qu’il n’était pas  en possession de ses grappins. Il ricana nerveusement et entama un parkour effréné jusqu’au funiculaire, qui le mènerait, en comptant sur sa bonne fortune, peu loin des geôles du gouvernement régional, et non à l’intérieur.


    *

    Le jeune homme mit fin à sa sieste avec une précision d’horloger. Une chape de plomb pesait sur les dortoirs de la caserne, que vint briser le bruit du crachin contre la tôle. Ce son était fort mélodieux aux oreilles de Drug.

    Cet insoutenable soleil s’était enfin substitué au calme mystérieux de la nuit.

     

    NB :

    -  Le monde est arpenté de créatures (les animaux et les hommes) et d’esprits invisibles à la plupart des créatures (les mânes et les spectres).

    - On nomme Terre le monde des créatures, Eden (grossièrement, le paradis) le monde des mânes et  Géhenne le monde des spectres (grossièrement, l’Enfer). Ce sont trois dimensions différentes mais liées les unes aux autres. Elles partagent le même espace-temps.

    Numérotation :

    -¹ Le sommeil polyphasique est souvent utilisé par les militaires quand ils sont dans des missions à risques. C’est un sommeil fait de plusieurs siestes de 15 à 30 minutes.

    - ² Un Modérateur est une créature dont l’énergie spirituelle a transcendé le commun des mortels lors de la réincarnation.

    Ils n’ont aucune forme propre et sont à la fois des créatures, des spectres et des mânes.

    Les Modérateurs ne sont pas détectables par le système informatisé puisqu’elle dépasse les 300.

    Ils ont été appelés par Pluviose, le Dieu de l’Equilibre entre la Terre, la Géhenne, l’Eden.

    Les modérateurs ont également un don d’infiltration : ils peuvent s’établir et cohabiter avec une autre âme dans un même corps, mais cette démarche est irréversible.  C’est ici le cas d’Onwa Moonrise.

    - ³ L’énergie spirituelle est l’énergie nécessaire à la survie des êtres vivants, qu’ils soient des créatures ou des esprits. Elle est mesurable sur une échelle de 0 à 300 grâce à un système informatisé. L’énergie spirituelle peut connaître de fortes variations dans les moments d’adrénaline mais retrouver son seuil normal, propre à chaque individu.

    Les individus infectés par certaines maladies mentales, de la simple névrose ou déprime en passant par la dépression ou la schizophrénie sont sujets à de plus ou moins fortes baisses d’énergie spirituelle. Leur traitement est extrêmement coûteux et beaucoup d’infectés descendent jusqu’à 0.

    - ⁴ Si le compteur tombe à 0, l’être vivant se désincarne et son existence est effacée.

    - ⁵ Dans l’idée, c’est une robe de distinction pour montrer qu’ils font partie de la milice.

    - ⁶ Le cobalt, de la pierre du même nom, désigne aussi une teinte bleue foncée.

    - ⁷ L’héraldique, c’est tout ce qui est relatif aux blasons. Dans le vocabulaire des blasons donc, l’argenté représente la sagesse,  la droiture, la netteté,  et la franchise. L’aigle est là pour rappeler le capitalisme américain et représente la beauté, la force et le prestige. Le vert symbolise la santé, la  joie, l’espérance et la liberté et le noir, la tristesse. La rose bleue symbolise le mystère et l’atteinte d’un trésor.

    -⁸ Une poignée d’individus spéciaux (outre les modérateurs) arrive à percevoir les spectres et/ou les mânes. Dans le cas présent, Drug arrive à voir les spectres.

    - ⁹ Mâne signifie « bon esprit », tandis qu’un spectre est en général associé à des choses qui ne présagent rien de bon.

    - ¹⁰ L’Embellie des mânes provoque des hausses d’énergie spirituelle tandis que la Gangrène des spectres provoque des baisses d’énergie spirituelle.

    - ¹¹ A la mort d’un individu, son existence détermine une teinte – lisible par les scanners cinétiques-qui elle-même déterminera si le mort en question se réincarnera en mâne ou en spectre.   

    -¹² Espace sans matière.


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