• A celui qui riait fort - et qu'on a tué

    Je sens que je peux confier beaucoup de choses à Thérapie du Bonheur. Peu de personnes se perdront à la lire, et je leur fais confiance. 

    Extrait de mon journal


    A celui qui riait fort - et qu'on a tué

    (OC : Shikabane Junsee)

    (Groupe : The Ocean
    Album : Pelagial
    Genre : Post-Metal)


    Jour 174 (27/02/2017) :

    Il faisait noir.
    C'était le noir complet.
    Est-ce que j'ai quelque chose à tirer du noir ? Non. Meublons ceci.
    Un peu de musique.
    Dois-je mettre une musique que je connais bien, à laquelle j'associe des souvenirs ? Ou une musique à laquelle associer de nouveaux souvenirs ?
    Très bien ; replongeons dans le noir.
    La vie est étrange, n'est-ce pas ? J'ai peur de ce que peut bien être la vie... C'est-à-dire, une vie dans laquelle x a été assassiné ; une vie dans laquelle j'ai des fantasmes inappropriés ; une vie où je suis mal à l'aise durant une soirée.
    Une vie où je perds mon talent.
    Je radote. N'ai-je plus de maximes à écrire ? De vérités à traduire ? Non ; je n'ai plus que des questions, semble-t-il.
    Je me souviens de ce message
    x est mort
    x est mort
    x est mort
    x est mort
    x est mort
    Je me souviens que le mot "mort", quoiqu'il m'ait heurté la première fois que je l'ai vu associé à x, a fini par perdre de son sens. Je me souviens, il y a longtemps, avoir pris y dans mes bras, l'avoir sentie pleurer
    Mais est-ce assez réel ? Pourquoi est-ce si difficile à réaliser, même après avoir assisté à la cérémonie ?
    Est-ce que j'ai assez conscience que je vis ?
    [...]

    Jour 172 (07/02/2017) :

    J'ai l'impression que x est juste parti. Qu'il est juste parti prendre l'air un instant, un insupportable instant. 
    Mais x ne reviendra plus. x ne reviendra plus jamais.
    C'est cela que signifie le mot "mort". 


    Jour 171 (02/02/2017) :

    Le cercueil était blanc. Blanc d'innocence, blanc d'enfance, blanc d'une mort prématurée et blanc comme son cadavre. Il était blanc, et nous étions tous noirs. 
    Aujourd'hui, nous allons enterrer x. Faire les derniers adieux, rendre les derniers hommages. Je pleurerai sans doute les dernières larmes pour recueillir une nouvelle vision du monde : celle d'une vie cruelle et difficile, qui avait eu raison de x.
    Nous allons enterrer son sourire espiègle, son rire aiguë et communicatif, sa générosité et son impulsivité. Nous allons enterrer une partie importante de la vie d'une famille que j'aime profondément. Mais la peine de mes amis, elle, ne sera pas enterrée avant un moment et les souvenirs, jamais. 
    Nous avons tous changé. Nous voyons tous les choses différemment, et prenons conscience de ce monde chaotique. 
    Nous faisons plus attention à la mort, au sang, aux crimes autour de nous. 
    Et plus que tout, notre fragilité nous apparaît comme évidente. Les rêves, les projections que nous nous faisons sont sûrement plus des aspirations que des objectifs réalisables. À l'aube de la réussite, il se pourrait que la mort emporte tout.
    J'ai l'impression de revoir, ainsi. Que les couleurs sont aussi vives qu'elles l'étaient il y a de cela trois ans, et de me réveiller de ma léthargie. Demain, je ne serai peut-être plus là. Sûrement partirai-je sans avoir accompli ce pourquoi je suis née. Nous avons le droit de trouver la mort triste, mais je ne voudrais pas que ma mort soit vécue avec tristesse, peu importe la manière dont elle surviendra. 
    Aujourd'hui, j'ai réalisé qu'il y avait des gens que j'aime, que je souhaite rendre heureux et protéger.
    Je suis née pour rendre le monde meilleur ; je ne mourrai pas pour l'emplir d'encore plus de tristesse.

    Jour 175 (28/02/2017) :

    Parfois x j'ai l'impression
    Que je t'utilise
    « Je n'ai pas pu rendre mon devoir maison d'économie, j'étais à une cérémonie »
    « Je le connaissais »
    « Je vais en profiter pour voir y plus souvent et lui montrer que je suis là »
    « Je vais pouvoir justifier mon mal-être. Demander de l'affection me sera plus légitime »
    Parfois, j'ai honte. Je confonds des souvenirs ; des souvenirs qui n'étaient pas en ta compagnie, mais en celle de ton assassin. C'est si flou dans ma tête. Le temps, le présent, le passé... Tout ça finit par n'être que confusion, confusion insensée. 

    Jour 178 (05/03/2017) :

    L'autre jour, x
    J'ai cherché ton prénom 

    Je ne l'avais jamais cité que pour te critiquer.

    Jour 175 (28/02/2017) :

    J'en suis désolée. Je donnerais cher pour que tu sois encore là. Devant ton ordinateur, à traduire des animes pour toujours. J'ai encore la clé USB que tu m'avais donnée en mai dernier, avec Nagi No Asukara. Devant ma mine déconfite suite à ma rupture, tu avais voulu me changer les idées. Bien que je n'aie pas apprécié outre mesure cet anime, sache qu'il m'a remonté le moral. J'ai encore beaucoup de choses à regarder d'une très bonne qualité, grâce à toi.
    Lorsque j'allais voir y, tes fonds d'écran de nekomimi, de lolis, de yuri, la plupart du temps ecchis, défilaient sur le téléviseur de ton ordinateur, ce qui me faisait ricaner. Lorsque tu étais là, je me souviens de ton regard en biais, espiègle, tes « Oh non, elle est trop mignonne ! », tes « Haha ! » retentissants et communicatifs, ou ton obstination à différencier les yeux vairons des yeux hétérochromes.
    Je donnerais cher pour qu'on aille tous ensemble au cinéma, une dernière fois. Vite, avec ta voiture, comme une attraction, surtout sur les dos d'âne. On irait avec mon kigurumi et mon sac à dos tigre, et Ophélie avec sa peluche Rilakkuma, parce qu'on aime se faire remarquer, qu'on est clichés, sans vergogne. On irait même au Mc Do. Je pourrais croquer dans un hamburger carné, si cela te faisait plaisir.
    Juste pour être à Ω:1, il y a quelques années de ça. Que tu nous paies encore une glace ou une crêpe, des frites ou un Mc je ne sais quoi.
    En rentrant, on regarderait Dragons 2. On pourrait aussi aller refaire du Karting à s'en péter le dos, ou chanter dans la rue à Ω:2. Au moment de dormir, tu me prêterais même ton dakimakura de Ikaros. J'ignore pourquoi je me sentais bien avec Ikaros dans mes bras.
    Tout serait comme avant. y, x, u et un de ses mecs, et même w, au cinéma. Pas de a ; bien que ce garçon fasse le bonheur d'y, c'est parce qu'elle ne cesse d'être avec lui qu'on ne se voit plus, elle et moi. Ça, tu l'avais sans doute remarqué. Tu me demandais pourquoi je ne venais pas plus souvent... J'aurais aimé, x. Comme j'aurais aimé.
    Juste que tout soit comme avant. De bonbons, de gâteaux, d'animes, de rires, de danses loufoques ; trêve de sang, trêve de meurtre, de mensonges.
    J'ai si mal au coeur ; parce que tout ça ne sera plus jamais comme avant, toutes ces choses qui furent mon bonheur d'adolescente ne sont définitivement plus.
    Le temps s'est comme arrêté en 2015. Je n'arrive plus à regarder le temps en face depuis lors. Je vis en rétrospective, ou simplement en me répétant que le temps passe trop vite. Le temps est une poule à laquelle on a coupé la tête, et elle pisse le sang de partout depuis que tu es mort, x.

    Jour 174 (27/02/2017) :

    [...]
    Avec n, hier
    Il y avait comme un sentiment de désertion
    Nous étions les deux seuls humains restants de Ω:3
    Alors on essayait de faire remarquer notre présence
    Des yeux
    Des yeux
    Des yeux
    Une présence qui reste
    Qui résiste au temps, un temps
    Puis qui, comme nous, disparaîtra...
    Il y a quelque chose que je souhaite laisser sur Terre
    Une histoire
    Celle d'Intro Spectrum
    Mais Intro Spectrum, l'histoire où tout est possible,
    Connaîtra-t-elle ne serait-ce qu'un chapitre ?
    Et si je réécrivais ?
    h
    h
    h
    h
    Je voudrais que
    Tu me complimentes
    Que tu sois fier de moi, en quelque sorte
    Est-ce que j'aime h
    Ou l'image qu'il me renvoie ?
    Quelle importance, de toute manière.
    Les choses sont étranges
    Dieu qu'elles sont étranges
    J'ai aimé m, vraiment
    Mais je ne m'en souvenais plus
    J'ai besoin de retrouver mon essence
    Rechercher mon moi profond
    Perdu dans le quotidien

    La nuit, la vie est bizarre sans bras dans lesquels se blottir

    Je dois réécrire
    Je dois réécrire
    Je dois réécrire


  • Commentaires

    1
    Samedi 20 Mai 2017 à 15:31

    C'est hyper émouvant comme texte D:
    (bon par contre on est un peu paumés sur la chronologie xD mais ça rend super bien de finir par cette partie là, ça donne vraiment l'impression de la vie qui résiste)

    2
    Lundi 22 Mai 2017 à 23:06

    C'est fait pour... Je trouvais ça un peu dommage de livrer les parties du journal dans l'ordre. Et puis, ça montre que les étapes du deuil ne sont pas forcément organisées et chronologiques, d'ailleurs.

    Merci beaucoup, j'y ai mis beaucoup d'émotion

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    3
    Mardi 23 Mai 2017 à 17:45

    Oui je comprends bien, c'est ce qui est intéressant dans ton texte ^^ en fait je crois que c'est le fait de voir plusieurs fois le même jour à des moments différents qui m'a perturbée xD 
    De rien ^^

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