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Perchée sur les hauteurs
La mort s'écoule dans mes veines
Pas une once de peur
Quand il n'y a plus que haine
La beauté des flots
Leur fracas sur les rochers
Creuse mon tombeau
Dans ce galet échoué
Eaux éternelles menteuses
Bras ouverts et charmeuses
Par ces vers éternisée
Sans hésitations, j'ai sauté
Ta main sur la chute de reins
Corps, mais ravins
Maintenant, il ne reste que le souvenir
De cet innocent, cet incompris sourire
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Elle avait le regard vide. Son existence s'était annihilée dans l'instantanéité de la gloire. Ses yeux fixaient l'horizon sans ciller. Les derniers rayons du soleil illuminaient la partie gauche de son visage, tandis que l'autre se tapissait déjà d'ombre. Son iris doré reflétait l'astre. J'étais laissée spectatrice de sa fierté et un certain malaise se profilait dans ma poitrine à cette idée. Je l'ai surprise un instant à attarder son attention sur les panneaux publicitaires des buildings pour y retrouver son effigie au milieu des slogans et des couleurs vives.
Elle incarnait la force, la réussite et me ramenait à ce que j'incarnais quant à moi : la fragilité et l'échec. Reproduire ce système dans ses relations personnelles, c'était sciemment l'ériger en morale. Je souhaitais qu'elle s'en aille, mais je redoutais encore plus la solitude. J'ai baissé la tête pour me retrouver nez à nez avec une feuille vierge. Sur mon bureau carré blanc sur fond blanc. Dans ma tête, sphère noire sur fond noir. J'ai tapoté la feuille du bout de ma mine pour me redonner une contenance. Des petites mines familières s'y dessinèrent, avec des grosses larmes qui leur prenaient tout le visage. Un pot reposait sur le bord du bureau, débordant de crayons de telle manière qu'ils se propulsaient les uns les autres en hauteur. J'ai reconnu le stylo bleu foncé estampillé OIAC, Organisation Intergouvernementale d'Asie Centrale. Je l'ai promené entre mes doigts et, sans vraiment réfléchir, j'ai dit :
« Tu sais à qui appartenait ce stylo ?
- Non, répondit Onwa sans trahir une quelconque curiosité.
- À Papa.
- Et alors ? »
Sa réponse avait d'autant plus vrillé mes représentations qu'elle était lapidaire. Son ton ne pliait pas face à la mort ou la nostalgie. J'ai relevé la tête et je l'ai aperçue qui haussait les épaules, toujours plongée dans son étude de l'horizon. Elle avait appuyé sa joue contre la paume de sa main.
« Je ne sais pas comment tu fais pour rester enfermée comme ça, dans cette chambre et dans le passé. Le monde est si beau... »
Elle avait prononcé ses mots avec un amour qui m'aurait presque convaincue de la beauté du monde. Les néons des publicités s'allumèrent et éclairèrent son visage d'une lumière rouge.
J'ai eu envie de vomir puis de mourir.
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Mon regard pur et amoureux n'ôtait pas en lubricité à ton expression.
Ton sourire narquois s'étirait cruellement. Tu dévores mes lèvres pour te retirer et observer mon visage rougissant avec satisfaction.
Le souffle court, éternelle litanie, je te murmurai :
« J'ai envie de mourir. »
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En tant que femme cisgenre et hétérosexuelle, je ne prétends ni éclairer sur le relationnel des individus MOGAI, ni celui des hommes vis-à-vis des femmes par ce présent billet. Mon témoignage n’est que l’esquisse d’une expérience, à la fois singulière et anodine, d’une femme cishét du XXIème siècle ; sa prétention globalisante n’exclue pas l’exception.
Chaque fois qu’une étude est genrée, elle soulève des vagues de protestations, et à juste titre ; se donner l’humain comme objet, c’est opérer une réduction et nécessairement perdre en précision d’analyse. Force est de constater, toutefois, que mépriser le sexe et sa caricature signifie encore s’exposer au danger.
Quel danger ? Celui de l’ambiguïté ; celui de l’entreprise ; celui de la caricature. A priori des entités innocentes ; a posteriori, les chantres du non-consentement, c’est-à-dire de l’agression sexuelle et du viol. L’agresseur et le violeur ne sont pas marginalisés, ils font partie intégrante de la société, et la plupart du temps, ils s’ignorent. La banalisation du sexe au travers des stéréotypes va de pair avec la banalisation du non-consentement : l’abus est une erreur, aussi grave que répandue, et on en comprend presque la méprise.
Les corps de la société, soucieux de se mettre au goût du jour, s’informent au sujet des diverses théories féministes, qui rentrent dans la culture populaire sans toutefois être appliquées. Les plaintes pour viol enregistrées sont croissantes ; 13 881 en 2015, 15 848 en 2016 et 16 400 en 2017. La parole se libère (affaire Weinstein, mouvements Me too et Balance ton porc), et peu à peu, le nombre de plaintes se rapproche du chiffre noir de la criminalité des viols, qui est estimé à 75 000 par an – on ose à peine imaginer celui des agressions sexuelles, pour lesquelles on enregistre 24 000 plaintes en 2017. De fait, les théories sont connues sans être appliquées, et il m’est avis - et j’ignore s’il s’agit de pessimisme ou de réalisme - que le nombre d’agressions sexuelles et de viols n’est pas en décroissance pour autant. Si les sociétés modernes prétendent se prévenir de l’abus, c’est bien plus par un mouvement de l’orgueil qui pousse à dédaigner les siècles passés que par véritable volonté d’agir.
Un paradoxe social demeure confortablement installé dans la société française : beaucoup de femmes violées pour si peu de violeurs. Le violeur est une entité maléfique, il est pointé du doigt, on lui attribue un visage, un comportement, il est l’archétype que l’on cherche à fuir. Le mot est douloureux, il est vrai, tout comme le raciste et l’homophobe se refusent à de tels qualificatifs, car ils renvoient à des actes presque unanimement condamnés par la société ; des actes de haine, irrationnels. Cet archétype, en même temps qu’il est dénoncé, permet au reste de la société de se distancier et de se dédouaner du problème. L’agresseur est toujours autre ; aussi longtemps qu’il sera autre, les théories ne seront appliquées.
C’est là toute la subtilité du statut de l’abus sexuel et du viol : ils sont la banalité du mal de l’époque. Ils doivent s’ancrer dans la société comme des maux aussi réels que graves et en même temps trouver leurs auteurs en son sein– ton frère ou ton ami. Si les auteurs les plus illustres de viols sont dénoncés, le tribunal social s’essouffle devant la multitude de dénonciations, qui pourraient par ailleurs faire obstacle au fonctionnement de la société (on ostraciserait peut-être plus de 100 000 individus par an…). Les connotations de ces termes les rendent difficiles à porter lors que leur reconnaissance dans l’espace publique est essentielle dans la perspective d’une réduction du nombre des viols et des agressions sexuelles.
La plupart du temps, l’agresseur ne se balade pas avec du GHB ; il ne rode pas la nuit à la recherche d’une victime ; il ne prend pas un plaisir sadique à agresser ou violer. D’aucuns se souviendront de celui qui, brandissant au zénith son drapeau d’allié, se révèle parfait prédateur au crépuscule. Il asservit – et c’est bien là la marque d’une certaine volonté - sa raison à son instinct sexuel avec l’appui des mœurs. Celles-ci ritualisent l’ascension jusqu’au sacro-saint sexe – la récompense et la suite logique. Le sexe n’est pas accessible au moyen d’une fonction. Le consentement doit primer, or, il est souvent tributaire des mœurs.
Dès lors, il n’est pas inclus dans la fonction ; il fait du copinage avec l’ambiguïté, il est laissé sous-jacent, les mœurs viennent parler à la place du langage verbal (qui reste le meilleur gage de consentement !) et corporel. Une invitation au restaurant ou à boire un verre ne donne pas accès de droit à du sexe. Pénétrer le domicile d’untel ne donne pas accès de droit à du sexe. L’établissement d’un contact physique ne donne pas accès de droit à du sexe – d’autant qu’il peut s’établir de manière unilatérale. De même, qu’un contact physique soit consenti n’implique pas que ceux d’une nature différente le soient. Que des données qui, in se, n’ont aucune signification – se mouvoir dans l’espace restaurant, bar, boîte de nuit, appartement, lit… - coordonnent un comportement et non l’annonce éclairée du consentement est symptomatique de l’aspect facultatif du consensuel dans le relationnel humain. Ces codes sont appliqués avec d’autant plus de rigueur qu’ils sont à peu près intégrés de tous. Pourtant, le sexe n’est jamais une question de droit, mais de permission. L’octroi abusif d’une telle permission sous couvert de mœurs relève tant de naïveté que d’égocentrisme. Le consentement ne fait pas système. Appliquer un schéma systématique aux relations humaines demeure une imprécision dangereuse, potentiellement productrice d’abus sexuels. Par nature, le schéma est caricatural et échoue à représenter la singularité de l’individu. Il est nécessaire de se questionner sur la validité de ce qui pourrait ressembler à une opportunité sexuelle si le langage peine à s’établir, et sur la manière d’entreprendre une telle opportunité. L’humain appelle à résister à son objectivation ; si son traitement administratif peut être systématisé, ce n’est pas le cas de son consentement.
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Cette rage qui émulsionne quand son sourire se fait grand pour se conjuguer à celui des autres.
C'est presque comme s'il réclamait ma vengeance.
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L'albatros a déployé ses ailes
Il était d'autant plus aisé de l'abattre
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« Tes dents sont aiguisées. »
Je lui souris.
« Oui, c'est grâce à toi.
- Tu vas en profiter pour me mordre dans le cou. Tu sais que ça m'excite.
- Oui... Et je te laisserai là fébrile, à gésir sur le plancher, rétorquai-je d'une voix fluette, C'est tout ce que tu mérites. »
Et puis son regard, à la fois réprobateur et torve, se perdit dans mes yeux en l'espoir d'y voir un éclair de lubricité. Il sera bien déçu. J'arborai un rictus qui découvrit mes canines.
On avait encore jamais vu ça, un albatros avec des dents, et affûtées !
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On était tous là devant cette tombe qui renfermait un tas de cendres. Ton visage souriant ne trouvait pas écho sur nos visages. C'était presque comme si tu continuais à nous narguer, toi qui étais si taquin.
Tu n'étais pas là-dedans. Tu étais bien, bien plus loin... Au-delà des montagnes, des nues et du ciel.
Dans ce néant abyssal qui me donne le vertige.
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Je foule ce sentier familier
Une pie s'arrête sur le dos d'âne qui me regarde intriguée
Comme il fouetterait une étrangère le vent m'agresse
Je serai là encore un moment, je suis partie il y a peu mais il me semble depuis toujours
Le vent m'agresse pour me murmurer
Va-t'en car tu es faite pour l'aventure
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Prostituée du cœur
Tu recherches l'effet et sa pureté
Les émotions asservies
Il ne reste plus que la performance...
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Son parfum, infiltré dans mes pores comme un poison létal.
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J'avais vomi avec entrain.
La bile visqueuse coulait avec une onctuosité libératrice. Je m'étais purgée de tant de maux.
J'allais enfin pouvoir jouer.
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Entre deux eaux
Un plongeon dans le vide de ton être
La mer ainsi séparée
Laisse derrière elle des terres trop arides pour y semer l'amour
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L'étendard de la morale brûlait. Je le contemplais, immobile, comme happée par sa présence. Le monde n'avait plus aucun sens, il n'était que désolation et anomie.
Tu étais là, toi aussi, tu te réjouissais du feu de joie. Seul. Une ombre enflammée se projette sur ton beau visage. J'ai envie de te rejoindre, mais mes pieds s'enfoncent dans les boues incertaines. J'ai peur. Tu as les épaules larges, mais que la solitude te pèse, d'autant plus par contraste avec mon activité, cette idée me terrifiait. Et rien n'a plus d'importance que ton bien-être. À l'aube, je peux enfin me mouvoir et te retrouver, mais tu t'es endormi devant le feu. Je pose un regard bienveillant sur ta silhouette silencieuse. N'aie pas un traître doute sur mes inclinations.
Il n'y a que toi qui m'importe. J'ai envie de pleurer, dans les bras d'un autre ; les bras d'un autre me font souffrir ton absence. Je pense à ta solitude et ton envie, peut-être. Et seuls tes bras me semblent pouvoir s'accorder à mon corps.
Libère-moi, je t'en prie. Ton indifférence creuse l'abysse de mon désespoir.
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Voix gutturale qui emplit ma tête
de son râle insupportable
Je préfère encore m'adresser aux morts
Ils distillent mon empathie
Eux, ils ne frayent pas le chemin de la mort
Que ces mains, parasites, tracent sur mon corps
Jusque dans ma cervelle, noueuse
Mais quel triste sort
Que celui du philanthrope
Cette foi, éternellement
Poussée dans ses retranchements
Et le dégoût, despotique
Corrode mon être, noircit la feuille
Éjacule sur vos visages
Sa rancœur verdâtre
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Je veux courir
M'en aller disparaître
Que jamais plus on ne me cherche
Dans la pénombre sourde
D'une nuit étoilée
Je me tairai
Je boufferai silencieusement
Cette douleur coupable
Étau de mon âme
Mes tripes ont jailli
Pluie sublime et sanglante
Sur la ville, insouciante
Et, sous les applaudissements
Sortir de scène.
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Ce désespoir perplexe à l'aube de mes dix-neuf ans je veux l'anéantir
Les lignes de tes mains où me mènent-elles si ce n'est à la désertion de ton âme
Dis-moi dis-moi ce que tu attends de moi car je suis là qui t'attends contrite et lasse de m'éprendre
Obstinément moi-même à me refuser à l'abandon quand l'écho de ta voix se veut lubrique
Je t'aurais tout donné toi qui ne veux rien pardonne-moi c'est mon côté stupide
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Par ce baiser succinct tu pèches.
Tu le sais, que tu pèches ; tu la sens, mon âme, glisser doucement entre tes lèvres. Tu l'entends, le bruit strident qu'elle fait en craquant entre tes dents.
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Je me souviens de l'Éden que c'était
Tu étais pur et moi aussi
Si purs, et pourtant... Je ne te vois plus dans le brouillard assourdissant de la ville du quotidien et des voitures
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Ton corps qui frémit à la vue du mien
Je me délecte de ta peau comme de ta faiblesse
Tes doigts se plantent sur mes hanches par une irrépressible envie de me déchirer
Je viens l'apaiser en t'étreignant gentiment
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Le son du carillon et l'herbe qui se soulève
Tu as couru pour moi je n'oublierai pas
Et ta main en cet instant saisit ma main sans s'arrêter
Jusqu'à attraper mon âme et le figer dans l'éternité
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J'étais là, perchée du haut des escaliers, brillant de ma hauteur et de ma superbe, le regard dur et acerbe planté sur ceux qui se précipitaient à mes pieds. Et moi qui vantais une morale de la bonté et de la gentillesse, je me surpris à penser à la vue de cette silhouette ronde en contrebas :
« Quel castor ignoble. »
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Je t'ai loué mon corps, ce n'est pas assez.
Oublie,
Oublie ;
Oublie...
Oublie.
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Je manie les mots comme la faux.
Le seul moyen pour moi de guérir, c'est de les voir tuer, déchiqueter, éventrer... C'est de représenter ton cadavre perforé comme une passoire, zigouillé comme le jouet mâché de l'enfant, défoncé en toute violence, ton cadavre qui dégueule incessamment sur le béton poussiéreux...
Les hématomes, le sang, ton visage déformé : encore, et encore, et encore.
Jusqu'à ce que ce spectacle tienne à la fois du conscient et de l'habitude.
Je suis le croque-mort improbe, la nuit venue, je déterre les morts pour jouer avec leur cadavre.
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Comme si les masses pendues et sanguinolentes étaient accrochées aux cieux, que marcher signifiait donc forcément jouer des coudes pour se frayer un chemin à travers leurs pieds
Tout le beau s'est calciné et devient l'instrument de la tristesse
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Mon corps porte les stigmates de ton indifférence
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Que les autres bruits se taisent
Que dans mon poing le monde disparaisse
Et la gratuité de la vie... En finir.
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Il fait beau et mon corps tremble
Un soleil noir éclaire le passage
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Elle était là, songeuse et perplexe, de fait, ne pipant pas mot, à se demander ce à quoi il pouvait bien penser, si ses inclinations étaient réciproques, calculant chaque geste de façon à ce que rien n'y transparaisse, glacée qu'elle était à l'idée d'être la seule à nourrir de tels sentiments.
Lui riait. Il ne pensait à rien.
---------------------Et si c'est ta contenance que ma verve stimule
C'est qu'elle a échoué
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Penché sur moi
Tu guettes ton reflet dans mes iris
Tu te souris, Narcisse
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On perd quelque chose dans la multitude. Cette sempiternelle soif jamais ne s'épanche devant ces silhouettes qui, à quelques détails près, sont toutes les mêmes.
Dans la multitude, je m'efface : je ne suis plus que chair.
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J'ai jeté le seau de la raison sur le feu de la passion
De la violence de l'amour il ne reste que la tendresse
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Tu as noyé Eros dans l'onde
Impitoyable, chacun de tes mots comme un coup de burin dans mon âme
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Perplexes pensées dirigées
Comme dans un tourbillon inexorable
Vers ton être abscons
Indéchiffrable, tu ignores
La nature de ta propre didascalie
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Je n'ose quoi que ce soit
De peur d'être fustigée
De ton regard indolent
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Épargne-moi bien des tourments
Si seule la versatilité de tes humeurs
L'étreinte d'un instant
T'amène à happer mon âme
Pour la mâcher, saveur mentholée
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Ma sensibilité nourrit, fidèle à elle-même
Des espoirs depuis longtemps abattus
Ta main sur ma peau exorcise cet amour de cendres
Ils renaissent incandescents
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La stupeur t'avilit
Tes orbites vides, trous scrutateurs
J'y plonge et m'y abime
Honte
Lorsque ton rictus approbateur
m'apparaît insatisfait
À sourire timide
Emprise ferme
Et toute cette mascarade
n'a aucun sens...
Je suis sans visage
Je n'existe plus
Il ne reste que
l'amère réminiscence de ma frustration
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Ta main dans la mienne comme une solitude en commun. Ton vif regard déconstruit le miteux de mon esprit, plaque les murs gris de rires, de sourires et de baume au cœur. La certitude de ta présence est le réconfort d'une vie étrangère ; bientôt, tu deviens le seul foyer que je désire, foyer de l'inaccoutumé et des couleurs vives et d'un moi infiniment différent.
Mon calme placide camoufle cette envie de te déchirer et de te trouver, mon abreuvoir, éclat brut de pensées.
Tes grands yeux sans gêne, peuvent-ils saisir la soudaineté et l'ardeur de mon âme ? Tes grands yeux sans gêne, sont-ils capables d'aimer avec brutalité ?
Comment un flegme peut-il être aussi incandescent ?
Il n'y a qu'un poète pour faire d'une étincelle un brasier.
Tu me fais brûler, je savoure. Calcine-moi, je serai ton allumette. Lentement, mot à mot, tu joues avec ma peau inflammable. Qu'importe, devenir tas de cendres, c'est pouvoir mieux t'admirer.
Je ne te connais pas, auprès de toi, je sacrifierai encore.
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Je somnolais en toute béatitude - ce qui, de surcroît, est extrêmement rare - lorsqu'une pensée vint, car il le fallait, car la béatitude n'est pas permise, perturber mes songes. Un violent claquement de porte propulsé par le vent tonna contre mon âme et éparpilla mon être en de myrillions d'atomes en détresse. Des atomes qui s'agitent, des atomes qui s'impatientent, des atomes terriblement en colère, des atomes qui se lamentent, certains qui pleurent et d'autres qui se tapissent dans la peur ; tout ceci pour une seule petite, piètre, pauvre âme. Tout ceci pour une seule question, une éventualité qui retapisserait tous les murs d'un morne gris, mes mains de solitude et mon cœur de désertion.
Et s'il trouvait meilleur que moi ?
Je me suis retrouvée là, ma main dans la sienne, par totale contingence. Une goutte de nécessité pouvait le mettre dans le chemin de personnes meilleures que moi.
Alors, je ne serais que le « p'tit chat » qui attend incessamment à la maison que son maître revienne ; qui, la nuit tombée, serait enfin, et tristement, gratifié d'une caresse désinvolte. Moi, je ne souhaite pas trouver meilleur que lui. Peut-être serait-ce humainement possible. Peut-être, mais personne n'a autant le pouvoir d'unifier mes atomes en une puissante molécule de dopamine.
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Même le dragon s'est embrasé
Et dégueule Eros à tes pieds
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Ton regard est impitoyable dans la pénombre
Il sonde ma tristesse et s'enquérit
Pauvre petite chose
Et un mouvement de la pitié te pousse
À t'emparer de mes lèvres
Un instant déchirant
Et tu t'en vas
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Quel est le sens de ce feu ?
Alimente-t-il quelque foyer ?
Permet-il de cuire quelque chose, de réchauffer quelques parvenus ?
Non, ce feu-là
Il ne sert à rien.
Ce feu-là brûle les âmes
Brûlés, les amis et les amants
Brûlés, les parents
Brûlés
Brûlés brûlés
Brûlez !
Un rictus
Mes iris incandescents
Sans aucune pitié
Quelles belles offrandes !
Tout a brûlé.
Moi, calcinée
Par mes propres feux
Chaque mot, toujours plus calcinée
Mon regard morne et lourd croise ton sourire éternel
Assassin !
J'ai envie de le déchirer, cet insolent
Puisqu'il ne m'est pas destiné
Il ne le sera à personne
Cesse de vivre autant
Cesse de vivre autant de tout !
Tais-toi, donne-moi ce silence songeur
Enfin, vis pour moi, un peu !
Moi, je ne vivais que pour toi
Mais qu'étais-je sinon
Un corps à enlacer
Une bouche à embrasser
Une enveloppe sans âme
« à prendre ou à laisser » !
Rien d'autre... Rien d'autre !
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Amoureux de la chair
Ton esprit, mon amant
Grave sur mon âme comme sur ma peau
Cette déchéance proprement poétique
Je m'y abandonne, et à toi
Dans ton œil salace mon œil las
trouve sa félicité---------------------
Tu prends de la place pour quatre
Les amis comme des pommes mûres
tombent nonchalamment, fatalement
Et moi qui les rattrape en hâte
D'ordinaire, je les regarde s'écraser avec stupeur
A mes pieds, quatre pommes
J'avance te retrouver vers la cime
Une pomme se heurte à ma semelle, dévale la colline
Toi, les pommes, tu en fais de la compote
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Cette rubrique n'est et ne sera probablement jamais garnie ! ;//
Vous pouvez toutefois me retrouver sur mon Instagram akwoo_
La bise !
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Je suis revenue vers toi car il n'y a plus personne pour lire ce petit bout de moi. Tu n'es pas quelqu'un, mais tu es au moins l'espoir d'un œil las.
Jour 220 (12/07/2018) :
Je sens la poésie étreindre mon cœur
La vacuité de la vie
éphémère ; qui, incoercible
se consume au creux de ma main
J'espère que ses baisers humides me sauveront de la sécheresse de mon âme
De l'amertume d'être laissé à soi-même comme avec ce qu'on fuit
Insoutenable voix plaintive qui murmure
À l'aide
viens me sauver de mes démons
Je retarde l'échéance, j'annihile mes pensées par des mécanismes
Je glane un sourire, quelques rires
face à moi, toujours
Le vide d'une place
Et les larmes
qui viennent peupler mon visage
Jour 221 (12/07/2018) :
J'observe le ciel étoilé
Le cœur toujours enserré dans un étau
J'avance perdue
Les murmures résonnent entre les murs désolés
Silhouette solitaire, rues familières
Et pourtant, étrangères dénuées de leurs âmes
Intense sentiment de désertion.
Les jours s'en vont, je demeure
édifice parmi les sépultures
Jour 222 (17/07/2018) :
Les étoiles me dévorent du regard
Accentuent la désertion de mon cœur
Elles ont tout vu, insensibles
Jour 223 (05/08/2018) :
Je me sens hantée comme une vieille cabane
Bout de ficelle qui chancelle
Et répand la mort parasitique partout
Sur mon corps étendu,
Crasseux et gras, flegme et incapable
Je somnole, agitée
La porte s'ouvre sur ton visage familier
Sur ton sourire salvateur
et impitoyablement
éphémère
Toutes ces réalités s'en vont
Celle de la masse pendue, celle du travail inachevé et de la maladie
Seul le bonheur
Entre tes bras plus rien d'autre n'a d'importance
Mais tu t'en vas, aujourd'hui
Je ne suis plus habitée que par ce souvenir mélancolique
Jour 225 (17/08/2018) :
Je sens mon âme spiraliforme dans ma poitrine. Aussi spliraliforme que mon corps horizontal sur ce lit de fainéantise qui est comme mon lit de mort.
Le temps passe et je ne fais rien pour le rattraper. Fausses promesses sur fausses promesses, déceptions sur déceptions, malheureuse complaisance. Les jeux-vidéos et les réseaux sociaux sont mon nœud coulant. Ils préparent mon échec certain. Je continue de couler ; jusqu'ici tout va bien. Je ne peux qu'avoir peur en attendant la chute.
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Il fait sombre.
Très sombre.
Je ne crois pas qu'il existe d'endroit plus sombre que celui-ci. Plus obscur encore que la Géhenne, suspendu dans une dimension négative qui n'appartient ni à l'au-delà, ni à l'en-deçà.Le vide absolu. Le négatif de la vie, le vide.
J'admets, c'est difficile à concevoir. Vous êtes des êtres sentients, des êtres de sensations, et c'est là vous demander de ne pas sentir. Et j’ose supposer que nombre d’entre vous préfèrent encore la vie au vide. Je n’aime pas l’idée que le trop plein de sentience puisse amener des êtres à s’en remettre à moi, maîtresse incontestable du vide, par inconvenance.
Je suppose que je me suis mise à découvert, maintenant.Je suis la Mort.
Et vous vous apprêtez à pénétrer mon humble demeure.J’ai toujours aimé les contentions, les artifices. Elles inspirent les poètes. J’en ai sans doute l’essence.
Constatez : le mot « mort » est nébuleux, ainsi que nombre d’expressions, d’adjectifs et noms communs qui en dérivent ou qui en sont synonymes. La faucheuse, elle, est vaporeuse. Il ne m’a pas encore été donné de rencontrer un artiste qui m’ait dépeinte sous des traits précis, détaillés. Certes, je baigne en permanence dans une obscurité parfaite, mais elle ne signifie pas que je n’ai pas de visage, ou qu’il n’est pas charmant.
Il vous suffirait pourtant de m’éclairer.
Vous que j’ai vus si souvent effrayés du noir, il semblerait que je fasse exception à la règle.Si les humains étaient plus pragmatiques, ils diraient « Cet être vivant n'existe plus ». Sobre. Franc. Il n'y aurait pas de mystère, pas d'autres interprétations possibles.
Souvent, l'humain a préféré rechercher la prolongation de la vie, s’infligeant là l’auscultation méticuleuse des cadavres. Et ce dernier de déclarer à la suite de l’analyse, quelque peu paniqué : « Je vois quelque chose. Je vois une âme s’exhaler, s’en aller terriblement loin, hors de portée de nous tous, et vivre. Elle fait 21 grammes » devant l’angoisse communicative de ses compères. Imagination sélective : peu fructueuse dans la considération de la mort, abondante dans la conception de spiritualités biaisées.Vous vous en doutez, les humains sont crédules. Et si les religions ne sont pas le prétexte de domination, de colonisation, de conquêtes, de croisades, alors, elles sont le prétexte de ceux qui nient l’existence du vide, qui pourtant pourrait à tout moment s’enquérir d’eux. Il leur faudrait mettre au moins autant de soin dans la conceptualisation du vide qu’à l’élaboration de mythes attendrissants. Cessez de fixer anxieusement vos pieds et observez le firmament. Vous n’y verrez pas de l’herbe, et des fourmis et des gendarmes y grouiller, mais un simulacre des accueillantes portes de ma demeure.
L’univers, la pléthore de non-vie ; il faut tant de peine à la vie pour s’y faire une place. Et l’humain, qui n’excelle que dans l’ethnocentrisme, aime à se faire appeler « être de raison », mais n’en use toujours pas.Bien que j’eusse préféré que la sagesse d’Epicure touche davantage d’humains, je dois reconnaître que les voir s’épargner les tourments que cause la mort m’ôte en culpabilité. Les tourmentés me parviennent, tout putréfactifs et déboussolés qu’ils sont, et le spectacle qu’ils offrent alors serait ébranlant pour le plus stoïque des stoïciens. Souvent, ils observent confusément le vide absolu, leurs yeux aveugles grands comme des soucoupes. Ils marmonnent des choses comme : « Il est là. Il est là, ce vide que j’ai craint toute ma vie », de nombreuses fois, pour faire peser les mots autant que les marasmes.
Et du haut des myrillions de non-vies de mon manoir, si, d’ordinaire, j’aurais rétorqué au tourmenté que son visage m’était familier, que je l'avais détaillé déjà des milliers de fois dans d’autres lignes d’univers et dans des états tous plus moribonds les uns que les autres, qu’il n’y avait donc pas matière à angoisser ; là, je me taisais solennellement et ne puis que me réjouir du noir, qui lui épargnait un sens : la vision de son macchabée.
Semble-t-il que pour les êtres de passions, la pire des afflictions puisse être la privation de sensations.Les nouveaux-morts – reconnaissables à leurs cordes vocales encore fonctionnelles- en profitent pour houspiller les tourmentés de questions. S’ils n’ont pas d’yeux, leurs trous d’orbite affectent une forme d’inquisition. C’est que l’on oublie vite ce qu’était la vie, lors même que l’on ne se trouve que dans le jardin de l’exuvie. Les paroles à l’effluve de vie sont des bouffées d’oxygène pour ceux qui peinent à respirer.
« Comment c’était, d’être ? » demandèrent-ils en cœur avec difficulté.
De son visage déjà vide, dénué de dents et de globes oculaires, l’humaine s’échina à répondre, lentement, en butant sur les mots, tout en tentant de retenir les morceaux de peaux sanguinolents qui suintaient de son crâne.
« Plein de couleurs. Plein de couleurs, mais surtout des couleurs fades.
Et éphémère. Avec un triste arrière-goût d’injustice.
- Et comment c’était, de ne plus être ? demandèrent-ils d’un ton égal.
- Plein de surprises. Plein de surprises, mais de surprises faites de plomb. Cette arme, c'était du plastique, quatre explosions en moins. Si vous aviez des yeux, vous pourriez sans doute les voir, logées dans ma poitrine et mon cerveau. Elles rendent tout immense et rouge. Son regard est immense, et quand je le croise, il tire à nouveau. Et là, c'est noir. Je sens mon corps flasque, l’expression que j'arbore en-deçà, crevée sur le perron, doit laisser à désirer. Plus personne ne va me reconnaître. J'espère qu'il va nettoyer. »
Bientôt, sa voix ne fut que déglutitions et raclements de gorge laborieux. Celle-ci s’était faite trop bavarde, et elle avait avalé toutes ses dents sans même s’en rendre compte. Quelques nouveaux-morts étouffèrent alors un rire nerveux, avalant quant à eux leurs dernières dents.L'édentée s'avance hasardeusement, avec conviction, puis tâtonne afin de trouver la poignée des larges volets. Son enveloppe corporelle, sa mue de reptile, impropre, siffle et s’évapore comme l’eau chaude d’une théière. Des nuées fuligineuses s'en échappent et ne laissent plus qu'une silhouette opaque, lisse et noire.
Alors, en quelques millièmes de secondes, elle est happée par le vacuum, et plus aucun pronom ne peut lui être attribué.
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